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Dans ces grands vases d’or, la moisson de Pæstum
S’unit à la blancheur des lys d’Herculanum,
Et tandis que le vent emporte leur effluve
Vers la flamme qui brille au sommet du Vésuve,
Cet air chargé d’amour éveille le courroux,
Dans les Vivaria, des puissans tigres roux.


HOSPES


Viens donc, et sur le lit de pourpre, qu’on s’apprête
A poser sur ton front la couronne de fête ;
Qu’on emplisse ta coupe, et veuille le Destin,
Qui préside invisible et grave à ce festin,
Te faire retrouver, au sortir de l’Attique,
L’âme de la patrie en ce Falerne antique.
Car c’est à nos grands morts, frappés du coup fatal.
Que l’on doit la beauté de notre sol natal,
Et c’est la chair, le sang de ces héros insignes,
Qui germe dans nos blés et coule dans nos vignes.
Ah ! laisse pénétrer en ton être songeur
Le charme de la nuit limpide, ô voyageur,
Et que des noirs soucis ton cœur heureux s’allège.
Vois, sur l’or des vins grecs que rafraîchit la neige,
Les beaux flocons tomber sur le flot parfumé
Telles les albes fleurs d’un avril embaumé,
L’écume de la mer quand la vague déferle,
Ou, sur des cheveux blonds, la douceur d’une perle.
Et ne sois pas surpris si ce parterre en fleur,
Ami, ne dissimule aucun adroit jongleur ;
Nous n’aurons cette nuit ni baladins, ni danses,
Ni chanteurs ânonnant de lamentables stances,
Mais je veux, avant l’aube où point le jour nouveau,
T’offrir ce que les dieux ont créé de plus beau.
Je veux qu’il naisse en toi de sublimes délices,
Et que de tes regards émerveillés, tu puisses,
Agenouillé devant l’éternelle Beauté,
Contempler un instant, face à face, Astarté !