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part, l’eau étant devenue abondante grâce au service des irrigations, de l’autre des travaux privés de canalisation, de drainage, de nivellement, ayant pu être exécutés, ces excellentes terres seront cultivables. De nombreux centres urbains, riches et peuplés, manquent entièrement d’eau, de lumière, de logo-mens. Faute de moyens de transport, des montagnes de marchandises demeurent en souffrance qui, étant donnés leur volume et leur poids, ne seraient avantageusement véhiculées que par le fleuve et les canaux, voies admirables jusqu’ici étrangement négligées. Bien des industries pourraient non seulement vivre, mais prospérer, qui n’ont bénéficié que d’entreprises mal conçues et mal dirigées, par exemple celle des fournitures de construction : marbres et pierres dures de Haute-Egypte, plâtre, briques et surtout la filature du coton. Enfin le Soudan égyptien reste tout entier à mettre en œuvre. Il convient donc de signaler aux capitalistes européens la nouvelle période d’activité économique susceptible de commencer grâce à eux et qu’il dépend d’eux de rendre moins bruyante et moins agitée, mais plus longue et plus féconde que celle qui vient de finir. L’Egypte ne saurait se passer de l’appui financier de l’Europe et elle est en mesure de le rémunérer. Souhaitons aux représentans de ces capitalistes de s’intéresser désormais d’une manière plus directe et plus active aux entreprises dans lesquelles ils ont placé l’argent de leur clientèle. Nous avons déjà dit ce que devraient faire les grandes banques françaises en vue de régler l’emploi des capitaux dont disposent leurs succursales du Caire et d’Alexandrie Ajoutons que les groupes financiers de Londres et de Paris agiraient sagement en participant davantage à l’administration des sociétés égyptiennes qu’ils ont contribué à fonder, suivant en cela l’exemple qui leur vient de Belgique. Bien des excès auraient été ainsi évités et bien des pertes épargnées.


PIERRE ARMINJON.