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LA
CRISE FINANCIÈRE ÉGYPTIENNE ACTUELLE

Une crise financière agite en ce moment Alexandrie et le Caire. Elle est grave sans doute, et plus encore instructive, mais nullement inquiétante. Nous voudrions en décrire les phases et en fixer le caractère.

Depuis cinq ou six mois, après une longue période de hausse et de spéculation, les valeurs égyptiennes ne cessent de baisser : vers la fin de juin, leurs cours sont tombés si bas que le mot krach est le seul qui donne une idée exacte d’un tel effondrement. Les plus anciennes et les plus solides qui trouvent un débouché aux bourses de Londres, de Paris ou de Bruxelles, ont perdu entre 10 et 30 pour 100, même davantage ; quant aux actions émises par des sociétés récemment constituées, et sur lesquelles on avait fondé des espérances justifiées souvent par une intelligente activité, d’heureuses initiatives et de gros dividendes, leur dépréciation est allée encore beaucoup plus loin. Les banques locales qui ont, en un temps meilleur, consenti des avances sur la garantie de ces titres, voient ainsi fondre leur gage ; elles prennent patience pourtant de peur d’écraser encore les cours par des exécutions, mais elles refusent généralement toute nouvelle avance, de telle sorte qu’il est presque impossible de trouver actuellement du crédit en Égypte sous une forme quelconque, même aux conditions les plus dures. Des effets souscrits au profit de banquiers étrangers n’ont pu être payés à l’échéance. Effrayés, les correspondans anglais des commissionnaires ou des cambistes ont, paraît-il, refusé d’accepter les traites habituellement tirées sur eux chaque été. De là quelques