Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 41.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mécontent de la manière dont ses instructions avaient été transmises jusque-là, il alla les donner de vive voix lui-même. « Affreusement torturé par la maladie[1], pâle comme un mort, il n’en parcourut pas moins le champ de bataille, au grand galop de son cheval, seul, portant en personne ses derniers ordres pour assurer l’ensemble et le succès de la charge finale. »

A un signal qu’il donna lui-même, il fit attaquer les Anglais en tête par les carabiniers, à gauche par une forte troupe d’infanterie, qui comprenait les Irlandais, les Vaisseaux, Normandie, Eu, et deux bataillons ralliés des gardes, soutenus par quelques régimens de cavalerie.

D’autres troupes prirent vaillamment part à cette attaque, d’elles-mêmes, sans « avoir reçu d’ordres du maréchal[2] : Au centre, la Maison du Roi, entraînée par le duc de Richelieu, se jeta furieusement sur l’ennemi, avec les carabiniers. A droite, les brigades d’Aubeterre, du Roi, Royal, La Couronne, attaquèrent la colonne anglaise de flanc, face à Normandie et aux Irlandais. En ce qui concerne le duc de Richelieu, tout en trouvant excessive la version de Voltaire, la Revue d’histoire constate, d’après bien des témoignages, qu’il s’est conduit avec une confiance, une énergie, une activité rares.

L’artillerie manquait. Elle avait été enlevée ou était dépourvue de munitions. Quatre canons à la suédoise, oubliés en arrière, furent amenés, sur l’ordre du duc de Richelieu, et ouvrirent le feu sur la tête de la colonne anglaise. D’après certains témoignages probans, que cite la Revue d’histoire, ces quatre canons auraient tiré en tout sept coups. Leur rôle a donc été bien exagéré ; mais ils n’en ont pas moins été utiles, en attirant sur eux le feu de l’ennemi, et en soulageant d’autant les troupes qui se portaient à l’attaque[3].

Ce qui a fait réussir l’attaque, c’est incontestablement ; et avant tout, l’ensemble avec lequel elle a été menée, ce sont les excellentes mesures prises par le maréchal. C’est aussi la vigueur des charges poussées par la Maison du Roi et par les carabiniers ; comme l’énergie des attaques de flanc, menées par des troupes fraîches d’infanterie, — la Revue d’histoire insiste sur ce dernier point, et cite les Irlandais et Normandie.

  1. Revue d’histoire, 1905, IIe vol., p. 2.
  2. Id., ibid., p. 3.
  3. Id., ibid., p. 4.