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L’armée française bivouaqua sur ses positions dans la nuit du 10 au 11 mai. Les alliés se mirent en mouvement, le 11 mai, à deux heures du matin. Leur déploiement en face des nôtres commença à quatre heures, par le brouillard.

L’artillerie française ouvrit le feu, dès cinq heures du matin, contre les Hollandais, qui en souffrirent beaucoup. Elle ne tarda pas à être contrebattue par sept pièces de 6[1], qui réduisirent au silence nos canons de campagne à la suédoise. Les canons de nos batteries fixes continuèrent seuls à tirer. C’est dans cette canonnade que fut tué le jeune duc de Gramont.

Les Hollandais marchèrent mollement contre Antoing, et ne tardèrent pas à s’arrêter. Contre Fontenoy, leurs attaques furent renouvelées énergiquement ; mais ils ne parvinrent à enlever que les premières maisons du village. Le maréchal de Saxe envoya des renforts de ce côté ; il put dès ce moment regarder sa droite comme très solide d’Antoing à Fontenoy.

Il se porta alors vers sa gauche. C’est à M. de Bauffremont, qui le complimentait, qu’il répondit[2] : « Allons aux Anglais ; ils seront de plus dure digestion. »

Il était dix heures du matin. Le duc de Cumberland avait renoncé à s’emparer du bois de Barry. Il activa et renforça l’attaque de Fontenoy ; et, sans attendre la chute de ce point, il se décida à foncer sur notre centre avec toute l’infanterie anglaise. Cette infanterie se forma sur deux lignes épaisses, suivies probablement par une réserve. Les bataillons de 800 hommes étaient sur six rangs de profondeur. L’espace compris entré le bois et Fontenoy a dû permettre de placer de front six bataillons, formés dans cet ordre. En face d’eux, mais cachées par le terrain, se tenaient la brigade d’Aubeterre, et les gardes françaises et suisses.

La marche en avant des Anglais coïncida avec une reprise violente de l’attaque de Fontenoy, qui continua à bien résister. Les bataillons anglais marchèrent très lentement ; ils furent accueillis par un feu épouvantable de notre artillerie qui leur fit perdre beaucoup de monde. Ils firent ainsi 800 mètres, en une heure, précédés par une forte batterie ; mais sans riposter à notre tir, sans manifester la moindre hésitation, faisant preuve d’une discipline, d’un sang-froid, d’une solidité admirables.

  1. Revue d’histoire, 1905, Ier vol., p. 240.
  2. Id., ibid., p. 465.