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VI

Sont-ce nos escadrons, ou les Irlandais, ou bien les quatre canons de réserve qui ont décidé la bataille ? Devons-nous le succès à M. de Lowendal, ou au duc de Richelieu ?… La Revue d’histoire va nous fixer à cet égard, et, après le duc de Broglie, elle va achever de nous éclairer sur Fontenoy.

Le maréchal de Saxe avait fait étudier et fortifier la position plusieurs jours avant la bataille. « On lui a toujours reproché, dit la Revue d’histoire[1], d’avoir laissé incomplète la série des redoutes qui garnissaient notre front, et d’avoir oublié d’en placer entre Fontenoy et le bois de Barry. » Est-ce bien un oubli ? La Revue d’histoire ne le croit pas ; elle estime que le maréchal n’avait pas plus voulu d’une ligue d’ouvrages rapprochés que d’un retranchement continu. On peut ajouter que sa « trouée » est loin d’avoir nui à la France ; et qu’en donnant au duc de Cumberland l’idée téméraire, — quoique la bravoure des Anglais ait failli la faire réussir, — de se jeter entre le bois de Barry et Fontenoy, l’ « oubli » du maréchal a permis à nos troupes de faire une résistance et des contre-attaques à jamais glorieuses et d’infliger à l’ennemi une défaite complète, décisive.

D’autre part, la Revue d’histoire[2]regrette que le maréchal n’ait pas fait venir à temps, pour l’action, le cinquième de son infanterie : Auvergne et Touraine arrivèrent quand tout était fini. Trainel, Angoumois, Royal-Corse restèrent inutiles à deux kilomètres du champ de bataille, retenus par une consigne précise.

En réalité, le maréchal de Saxe ne disposa, sur le champ de bataille, que de 47 000 hommes[3] ; les alliés, de 51 000.

Les Français étaient supérieurs en nombre comme cavalerie ; inférieurs comme infanterie ; très inférieurs comme artillerie.

Le maréchal avait dirigé ses troupes sur les lieux plusieurs jours à l’avance ; mais il ne leur fit prendre leurs positions de combat que le 10 mai dans la soirée, lorsqu’il fut bien certain que l’ennemi était devant lui.

  1. Revue d’histoire, 1905, Ier vol., p. 234.
  2. Id., ibid., p. 234.
  3. Id., ibid., p. 236.