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Elles échouent sous les décharges effroyables des Anglais. Mais elles n’en sont pas moins renouvelées pendant plusieurs heures, sans que rien puisse amoindrir l’âme et briser l’élan de ces troupes. Ces superbes escadrons n’ont pas seulement conquis la gloire, et démontré une fois de plus que la cavalerie est « l’arme de l’audace, de l’enthousiasme, de la folie du sacrifice. » Ils ont rétabli le combat, et fait rentrer, déclare M. Butin, la vigueur et la vie dans l’âme de l’infanterie.

C’est grâce à la cavalerie que les Irlandais, Royal-Vaisseaux et plus tard Normandie — « un des six vieux » — purent reprendre l’attaque ; que le maréchal de Saxe put réagir contre la démoralisation de l’entourage du Roi ; que le duc de Richelieu put intervenir ; que l’assaut put être donné d’ensemble, à gauche, par l’infanterie du comte de Lowendal, à droite, par celle du duc de Biron, en tête, par la Maison du Roi.

« L’infanterie s’est faite l’auxiliaire de la cavalerie. Et quelle cavalerie ! gendarmes de la garde, carabiniers, chevau-légers, mousquetaires, gardes du corps, grenadiers à cheval, chargeant avec cette crânerie, ce mépris de la mort, qui avaient marqué leurs débuts à Steinkerque et à Neerwinden. »

C’est à cette cavalerie que M. Butin a voulu contribuer à faire rendre justice, à ces vaillans escadrons qui « ont servi de trait d’union de la mort entre les angoisses de la bataille compromise et l’ivresse de la victoire. » Pour accentuer son hommage, il s’est adressé au premier cavalier de notre temps, au général de Galliffet, en lui demandant « de faire tête de colonne » à son ouvrage. Il en a reçu la réponse suivante, qu’il a insérée en préface de sa brochure :

« Merci de l’envoi de votre très intéressant article. Disposez de moi, mon cher camarade.

« Honneur à l’infanterie ! à l’artillerie ! au génie ! Mais vive la cavalerie in æternum ! ! !

« Quoi que disent les gens qui ne sont pas « de cheval, » on aura toujours besoin d’EIle avant, pendant, après la bataille, et plus encore à l’heure du dernier sacrifice.

« Elle n’est ni Royale, ni Impériale, ni Républicaine, mais de France, et « au devoir » elle saura toujours sacrifier ses préférences. Croyez-moi votre dévoué !

« Général GALLIFFET. »