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collections privées. — En outre, suivant en cela l’exemple donné pour la première fois par le commandant Foucard, à propos d’Iéna, elle a toujours soin de faire suivre son étude des documens mêmes, qui ont servi à l’établir, et qu’elle publie in extenso ; de sorte que chacun peut se former sa propre opinion et contrôler ainsi celle du rédacteur anonyme de la Revue d’histoire.

La grande opération actuelle de cette Revue est l’étude approfondie de la guerre de 1870-1871. Parallèlement à cette étude, ou auparavant, elle a déjà publié bien d’autres travaux d’une réelle importance, d’un intérêt sérieux sur la plupart des campagnes de la Révolution et de l’Empire. Elle s’est occupée aussi de quelques guerres précédentes. En ce qui concerne le maréchal de Saxe, elle en est arrivée à la campagne de 1745 ; et tout récemment, elle vient de terminer l’étude de la glorieuse journée de Fontenoy.

La bataille de Fontenoy a eu en France, et dans le monde entier, un retentissement considérable. C’est un des plus brillans fleurons de notre histoire. Elle a donné lieu à bien des discussions, à bien des appréciations contradictoires. Il m’a semblé qu’il serait intéressant de comparer la version de la Revue d’histoire à quelques-unes des autres versions connues sur cette mémorable journée.


I

La version classique peut être résumée ainsi :

Au printemps de 1745, le maréchal de Saxe assiégeait Tournai avec 90 000 hommes. Il y avait été rejoint par le roi Louis XV. Le chef de l’armée alliée, le duc de Cumberland, marcha au secours de Tournai avec 60 000 Anglais, Hanovriens, Hollandais. Sans interrompre le siège, le maréchal de Saxe se porta au-devant des alliés, sur la rive droite de l’Escaut, et prit position à quelques kilomètres de Tournai, près de Fontenoy, son centre à ce village, sa droite à Antoing, sa gauche à la corne du bois de Barry.

Les deux villages d’Antoing et de Fontenoy furent solidement fortifiés, bien garnis d’infanterie et d’artillerie. Antoing fut même protégé par une grande batterie établie sur la rive gauche de l’Escaut. La corne du bois de Barry fut renforcée par deux