indispensable de donner une leçon au Maroc ; nous l’avons fait ; nous désirons vivement pouvoir nous en tenir là.
Est-il besoin d’ajouter que nous serions heureux de constater un commencement de détente dans nos rapports politiques avec l’Allemagne ? Mais nous ne savons pas encore s’il faut voir dans l’accueil qui a été fait à Berlin à notre note explicative le commencement de quelque chose, ou un simple incident destiné à rester d’ailleurs sans aucune suite ? L’avenir seul nous édifiera à ce sujet. L’Allemagne s’est montrée à diverses reprises soupçonneuse à notre égard ; elle nous a attribué contre elle des intentions que nous n’avons jamais eues : elle nous a poussé, par cela même, dans la voie qu’elle entendait nous fermer, et elle est certainement responsable de ce qui, dans notre politique, a pu lui causer le plus de déplaisir. La France n’aime pas à être brutalisée : quand elle l’est, elle prend ses garanties où elle les trouve. On l’a accusée, à Berlin, d’avoir collaboré de parti-pris à une œuvre d’isolement et d’encerclement de l’Allemagne : rien n’a jamais été plus loin de sa pensée. L’Allemagne a ses alliés et ses amis ; nous avons voulu avoir les nôtres : nous avons accepté les mains qui nous étaient tendues. Si nous avons désiré que les alliés de l’Allemagne devinssent nos amis, nous n’avons jamais détourné nos alliés ou amis de témoigner à l’Allemagne des sentimens amicaux. En ce moment même, l’entrevue que viennent d’avoir à Swinemunde l’empereur Guillaume et l’empereur Nicolas, loin de nous avoir porté le moindre ombrage, nous a paru être une circonstance heureuse, propre à faciliter la détente qui est dans nos souhaits. On imagine difficilement l’empereur Guillaume, le lendemain même de cette rencontre, reprenant au Maroc une politique agressive contre la France. L’entrevue de Swinemunde a eu certainement quelque importance. On a voulu y voir la simple contrepartie de belle de Bjerkoë, c’est-à-dire une visite rendue ; mais, à Bjerkoë les deux empereurs étaient seuls, tandis qu’à Swinemunde, ils étaient accompagnés de leurs ministres des Affaires étrangères, changement qui n’est pas sans quelque signification. On annonce que, dans peu de jours, le roi Edouard et l’empereur Guillaume se rencontreront aussi, cette fois avec moins de cérémonie. On aurait tort d’exagérer la valeur politique des entrevues de ce genre. Il y en a eu tant, et on a attendu de quelques-unes tant de choses dont aucune n’est arrivée, qu’on est amené à les traiter avec un demi scepticisme. Elles n’en sont pas moins, au moment où elles se produisent, une indication peut-être fugitive de sentimens qu’il