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s’occupent spécialement des pauvres et rendent certains services dans le culte public. L’Eglise évangélique libre a, comme l’Eglise nationale, deux sacremens : le baptême et la cène, la cène où elle accueille « sous leur propre responsabilité tous ceux qui, s’en approchent, » ce qui atteste une réelle largeur d’idées. Elle se divise en paroisses et stations d’évangélisation. Ses corps constitués sont : les conseils de paroisse, le presbytère.

Les conseils de paroisse convoquent au moins deux fois par an des assemblées paroissiales dont tous les membres participent à l’élection des pasteurs, des anciens et des diacres. Les deux tiers des suffrages sont requis pour l’élection des pasteurs. Les anciens et les diacres sont élus à la majorité. Chaque conseil de paroisse se compose du ou des pasteurs, des anciens et des diacres de la paroisse. Il est chargé de l’organisation des cultes. Il fixe l’ordre du jour des assemblées paroissiales.

Le presbytère est composé des pasteurs de toutes les paroisses et des anciens délégués par elles. Il veille aux intérêts généraux de l’Eglise, à la doctrine, à l’enseignement, au choix des livres dont on se sert pour les cultes, à la discipline, à l’administration des finances. Il fixe le traitement des pasteurs. Il préside à l’installation de ces derniers, des anciens et des diacres. Il juge des plaintes portées contre eux. Il a seul le droit d’agir au nom de l’Église.

Il semble bien que la vie religieuse soit plus intense dans l’Église évangélique libre de Genève que dans l’Eglise nationale, et c’est pour cela, sans doute, que le peuple appelle communément ses adeptes les « mômiers. » Leur exemple, ainsi que le fait remarquer le pasteur Brocher dans l’opuscule que j’ai déjà cité, n’en a pas moins été plus d’une fois un « stimulant, » un « aiguillon » pour l’Eglise nationale, qui, notamment, n’a fait que suivre l’Eglise évangélique libre en organisant les écoles du dimanche et le culte du soir. On dit que la concurrence est l’âme du commerce. Elle peut être aussi bien l’âme de l’apostolat.

L’Église évangélique libre ne comprend pas tout à fait un millier de membres. Mais elle constitue une élite et, comme dit encore le pasteur Brocher, elle marque, au point de vue protestant, « l’idéal à poursuivre. » Verra-t-elle s’accroître, du fait de la séparation, son influence et le nombre de ses adhérons ? Peut-être, mais non pas, je crois, tout de suite. L’Église