Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/891

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’après les lignes générales d’un programme d’ensemble. Les Sociétés concessionnaires sont officiellement consultées sur les travaux utiles à leur territoire : des rapports qu’elles ont déjà déposés ou devront déposer d’urgence, il sera aisé de dégager ce programme, dont aussi bien diverses sections sont dès maintenant arrêtées.

Routes terrestres et fluviales suffiront-elles ? Dans l’intérieur du bassin congolais, sans doute ; mais pour lier ce bassin à la côte d’un côté, au bassin du Chari de l’autre, c’est au chemin de fer qu’il en faudra venir tôt ou tard, sans attendre davantage, une ligne ferrée s’impose entre les biefs navigables de l’Oubangui et du Chari. Sur cette route principale des ravitaille-mens, qui doit devenir celle des approvisionnemens du Congo par le Soudan, moins de 400 kilomètres séparent les deux réseaux accessibles à la grande batellerie. À l’heure présente, le moyen Oubangui est coupé par la révolte des Bondjos, cannibales féroces, qui ont massacré et mangé quatre blancs en juillet 1904 et, jamais châtiés depuis, ont étendu un régime de terreur sanguinaire sur les tribus indigènes du fleuve. Une compagnie de tirailleurs, arrivant de la haute Sanga, exercera la répression indispensable ces jours prochains… à moins qu’on n’ait un besoin plus pressant d’elle ailleurs. Dans le Congo organisé que nous souhaitons, le chemin de fer Oubangui-Chari aurait permis la descente rapide d’une petite colonne, au besoin spécialement recrutée à cet effet sur les confins soudaniens du Congo. Cette voie ferrée servira donc autant à la santé politique de notre colonie qu’à sa prospérité économique et à la protection de nos indigènes ; elle se déroulera sur un plateau ondulé, à une altitude de 5 à 600 mètres et n’offrira pas de grandes difficultés de construction.

Plus délicate a paru longtemps la décision à prendre quant au chemin de fer de pénétration. En ce moment, la ligne du Congo belge, inaugurée en 1898, draine du Stanley Pool vers l’estuaire toute l’exportation du bassin intérieur, Congo indépendant, moyen Congo français, voire haut Cameroun allemand ; les initiateurs de cette belle œuvre touchent ainsi des frets considérables de ceux dont ils ont eu l’art de faire leurs tributaires. Empressons-nous de reconnaître que les relations de l’administration française et des colons avec la Compagnie du chemin de fer sont des plus cordiales ; mais les circonstances et les