Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/890

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de notre Congo, sur la haute Sanga par exemple ; la plupart des concessionnaires ne comptent l’ivoire que comme un appoint de leurs transactions, fondées surtout sur le caoutchouc ; on peut donc espérer que l’éléphant ne disparaîtra pas devant une chasse meurtrière, et souhaiter que des Études pratiques soient entreprises pour le domestiquer ; mais il semble que cet animal, même dressé, sera plus utile comme auxiliaire intelligent d’exploitations forestières ou agricoles (tel est son rôle en Birmanie et au Siam), que comme porteur de lourdes charges à grandes distances. Il y aurait plutôt à compter sur des ânes ou des mulets, peut-être sur des bœufs ; l’administration congolaise pourrait rechercher le vaccin de la tsétsé, et les moyens de faire disparaître cet insecte venimeux ; ces études ne seront pas moins utiles à l’Afrique équatoriale que celles consacrées à la maladie du sommeil, et ce sont aussi, indirectement, les indigènes qui en profiteront le plus.

Mais les bêtes de somme ne peuvent circuler à travers la forêt, même supposée assainie ; les sentiers des porteurs noirs sont à peine tracés, escaladent les troncs d’arbres tombés, sautent les rivières sur des ponts de lianes ; jamais le plus vaillant des « bourricots » ne passera là… Ne serait-il donc pas prudent de débrousser dès maintenant, sur les directions principales du commerce, et d’entretenir ensuite des routes ou plutôt des pistes de trois ou quatre mètres de large, avec de modestes ponts en bois sur les cours d’eau ? Ceux-ci comportent aussi des améliorations de détail, qui permettront de lancer sur des biefs intérieurs de petits vapeurs de rivière, et de réserver ainsi les pagayeurs pour des emplois de meilleur rendement. Des sociétés ont donné déjà en ce sens de bons exemples sur l’Oubangui supérieur et la haute Sanga. Les indigènes sont amenés à constituer et renouveler, sur des points choisis, les dépôts de bois à brûler nécessaires aux machines, et l’on arrive même, avec beaucoup de paroles, à leur faire apprécier la valeur relative des diverses espèces d’arbres pour tel ou tel usage. Ces travaux de routes et de correction des cours d’eau seront très divisés ; ils sont assez simples pour se passer d’ingénieurs, et les agens ordinaires de l’administration ou des Sociétés sauront presque toujours les mener à bien sans grand frais ; mais une première dotation est nécessaire, qui serait prélevée sur les fonds de l’emprunt, et répartie entre les circonscriptions territoriales,