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1904, l’administration locale avait distribué aux indigènes des graines et des plants de cacao, mais n’avait pu obtenir un travail régulier de culture. En 1906, un crédit très modeste, quelques centaines de francs, a été ouvert pour permettre d’acheter aux noirs des cabosses de cacao, même par petites quantités, de manière à leur persuader de cultiver avec persévérance leurs cacaoyers. On continuera les distributions de graines, en même temps que l’on instituera des pépinières dans des centres choisis, mais l’indigène ne touchera rien que pour le fruit produit, non pour le fruit à venir. On voudrait l’habituer ainsi à un effort plus soutenu, ce qui n’est pas impossible, à la condition que l’administration ne se décourage pas la première. A la côte, l’exemple de plusieurs plantations européennes est une leçon de choses facilement comprise d’indigènes déjà dégrossis, mais ici encore il est improbable que le succès décisif soit obtenu par des moyens trop minimes : nous en revenons donc toujours au même point, il faut au Congo de l’argent, une mise de fonds de premier établissement, et ces fonds ne peuvent lui venir que sous forme d’emprunt.


VII

L’emprunt, telle est la question pressante, vitale, qui se pose aujourd’hui pour le Congo français. Notre colonie est-elle assez robuste pour emprunter ? Nous n’hésitons pas à répondre par l’affirmative, et nous ajouterons que toutes les promesses que le Congo nous offre ne seraient pas [tenues, si l’on persistait dans une politique d’économies administratives qui le laissent exposé à tous les risques de la rigueur de son climat et de la sauvagerie de ses habitans. Les ressources du Congo sont immenses, mais elles ne se développeront qu’au prix de dépenses opportunes. Rien n’est possible dans une colonie où, l’an dernier encore, quelques troupes impatiemment attendues dans une zone frontière étaient expédiées en hâte sur un autre point, parce que le danger apparaissait plus urgent ici que là. Résignons-nous donc, pour les débuts, à connaître au Congo un fort coefficient d’exploitation ; ce ne sera là que la crise initiale, et mieux nous aurons su faire le nécessaire dès le principe, plus vite nous passerons à la période des rémunérations. Après un premier projet portant sur