indigène, ils se sont efforcés de répandre la coutume des paiemens aux noirs en numéraire, et tendent à fixer progressivement un taux pour la main-d’œuvre. Le but, en effet, est d’amener nos sujets à produire pour contribuer aux charges publiques, et à se rendre compte du prix de leur travail. L’Etat acceptant provisoirement le paiement de l’impôt en nature, le caoutchouc ainsi reçu était rétrocédé aux concessionnaires, à des prix fixés par les mercuriales semestrielles de la colonie et variables suivant les régions. Mais comment donner aux noirs l’idée du paiement de l’impôt en espèces, alors qu’ils ne possèdent pas de monnaie métallique et que dans les factoreries mêmes, sauf à la côte, le régime ordinaire des échanges est encore celui du troc ?
On a imaginé de leur verser en espèces une certaine rémunération lorsqu’ils s’acquittent en caoutchouc. Cette rémunération ne peut évidemment représenter que la main d’œuvre, puisque, aux termes des décrets de concession, les produits du sol appartiennent aux concessionnaires, à l’exception de 6 pour 100, estimés issus des réserves indigènes. Elle est payée au moyen d’un supplément au prix de mercuriale dont le taux de rétrocession du caoutchouc est majoré partout où le prix du kilogramme est inférieur à 3 francs. On espère arriver ainsi à répandre quelque monnaie parmi les indigènes, à leur démontrer qu’en récoltant leur caoutchouc, ils peuvent amasser de quoi solder la minime capitation que le fisc leur réclame, et de plus se procurer dans les magasins européens toutes sortes de marchandises, mais il faut dire que la plupart des agens de factoreries renoncent difficilement au troc, doublement avantageux. Assurément, le système est un peu compliqué, il a pour objet dernier de décider les noirs à porter aux comptoirs commerciaux tout leur caoutchouc, et à demander de l’argent en échange, tandis qu’ils verseront aux agens de l’administration seulement du numéraire, selon la taxe à eux imposée. L’Etat en viendra alors peu à peu à n’être plus, — ce qui paraît lui peser lourdement, — un intermédiaire obligé pour l’achat d’une partie du caoutchouc des indigènes : il aura dans ses caisses de l’argent liquide, sans avoir été réduit à faire, en apparence tout au moins, acte de commerçant.
Une autre tentative curieuse et qui mérite d’être citée est celle de plantations indigènes de cacao sur la côte du Gabon. En