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protectorat tunisien a si heureusement tiré parti, d’accord avec la Compagnie du chemin de fer et des phosphates de Gafsa.


V

Les sociétés congolaises, après des débuts très pénibles, ont peu à peu trouvé leur équilibre et plusieurs sont entrées dans la période des rendemens. Il en est, assurément, qui ont sombré, mais toutes n’ont pas été dirigées avec la même sûreté ni la même persévérance. Certaines, qui ont réussi, sont en voie de devenir des affaires solides, peut-être brillantes. Elles n’ont pas connu le rush des valeurs belges dont la fortune avait peut-être ébloui leurs créateurs ; mais elles se sont développées d’un mouvement prudent et continu. Symptôme intéressant, les parts de fondateur de quelques-unes ont pris une valeur appréciable, sont honorablement cotées en bourse, et pénètrent dans les portefeuilles des petits rentiers. Les recettes même du budget congolais portent le témoignage de cette hausse : en 1905, la colonie a touché près de 200 000 francs au titre de la participation aux bénéfices inscrite dans le cahier des charges, et la redevance fixe, acquittée par les concessionnaires, a été de 398 000 francs. Si l’on pense que diverses sociétés ont donné 10 à 12 pour 100 de dividende et d’autres, très privilégiées, plus encore ; si l’on ajoute qu’elles n’ont eu à leur disposition, sur place, aucune banque et que, jusqu’à une date récente, elles n’ont obtenu de l’administration qu’une platonique bienveillance, on conclura volontiers qu’il n’est pas permis de proclamer la faillite du régime concessionnaire.

L’octroi des concessions a lancé brusquement, dans la circulation de l’économie congolaise, une cinquantaine de millions ; à ce moment, l’Etat osait à peine faire appel au crédit pour cette colonie. Sur des protestations parlementaires, il réduisait au chiffre de deux millions un petit emprunt destiné à des travaux publics sur la côte et le Stanley Pool, goutte d’eau bien vite asséchée (1900). Pressées par le besoin de défendre leurs capitaux, les Compagnies se sont aperçues, à l’œuvre, qu’elles les avaient engagés un peu vite, mais elles ne pouvaient plus reculer et, très vaillamment, se sont jetées en pleine bataille. Elles se sont serrées en un faisceau compact, et leur association,