J’espère donc vous trouver à Paris le 7, et aussitôt après mon arrivée chez mon père (19, place de la Madeleine) j’enverrai savoir si vous y êtes encore en effet.
A revoir donc, et si contre mon attente je ne pouvais arriver à Paris avant votre départ, bon voyage et mille vœux pour vos succès. Ecrivez-moi en tous cas sur votre santé. Mes hommages à Mme de Gobineau et à vous, beaucoup de bonnes amitiés.
A. DE TOCQUEVILLE.
Il était impossible de publier ici, même en partie, les longues descriptions politiques et sociales écrites de Téhéran[1]. Quand, un jour, elles paraîtront en volume, ces contributions à l’ethnographie persane seront d’autant mieux accueillies par les amis de Gobineau qu’elles peuvent servir de supplément aux récits déjà publiés dans ses ouvrages sur l’Asie centrale. Nous avons dû nous borner à donner seulement quelques-unes de ses lettres de Perse.
Téhéran, 7 juillet 1855.
Je vous écris au débotté, car nous sommes là depuis quatre jours seulement. Toutefois, chose inouïe en Orient, l’étiquette s’est hâtée en notre faveur et nous avons déjà vu le Roi et le grand vizir qui ont été l’un et l’autre on ne peut mieux pour nous. Quant à la route, nous l’avons faite lestement en gens qui n’auraient eu d’autre profession de leur vie ; et Mme de Gobineau à cheval, ma fille sur un âne devant un palefrenier arabe, ont fait leurs cinquante jours de marche, gravissant des montagnes sans chemins, traversant des rivières avec une facilité surprenante…
Je ne sais si vous avez appris la mort de mon oncle qui m’a laissé assez de fortune pour me trouver indépendant. Je suis sûr que vous y prendrez part.
A. DE GOBINEAU.
Demavend, 5 novembre 1855.
Je vous écris de trois petites journées de Téhéran. Nous avons fait une petite course dans les montagnes, en partie pour voir le pays, quelque peu aussi pour fuir le choléra qui a fait d’assez grands ravages dans la ville et qui nous a tué, dans la légation, deux domestiques européens et un natif. La maladie, du reste, a
- ↑ La principale est datée du 15 janvier 1856.