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surtout une table des matières sans laquelle les trois autres, remplis de noms propres et de petits faits accumulés, seraient d’un usage peu commode. On y a joint en appendice différentes pièces qui n’avaient pas trouvé place dans les volumes précédons, deux notamment qui concernent la suppression des Académies en 1793, le discours de Chamfort qui les attaque et la réponse de l’abbé Morellet qui les défend. Il m’a semblé, en les relisant, qu’il ne serait peut-être pas sans intérêt de reprendre cette ancienne histoire. Elle a été déjà racontée, et bien racontée[1] ; mais il est possible d’ajouter au récit qu’on en a fait quelques détails ignorés ou moins connus, et quoiqu’elle disparaisse un peu dans les grands événemens de la Révolution, il me semble qu’elle mérite de n’être pas tout à fait oubliée.


I

Il y avait, en 1789, trois grandes académies, qui siégeaient au Louvre, sous la protection du Roi : l’Académie française, celle des Inscriptions et Belles-Lettres, et l’Académie des Sciences. C’est d’elles que je m’occuperai uniquement dans ce travail ; quant à l’Académie royale de peinture et de sculpture, et à celle d’architecture, quoique, après une existence longtemps errante, elles eussent fini par obtenir elles aussi d’être logées au Louvre et qu’en 1793 elles aient partagé le sort commun, comme elles avaient des règlemens différens et un caractère particulier, je les laisserai de côté.

Des trois autres, l’Académie des Inscriptions était la moins connue du public. Enfermée dans des Études érudites, qui ne sont pas à l’usage de tout le monde, et supposent des connaissances spéciales pour être comprises, elle jouissait de plus de considération que de notoriété. Elle se glorifiait sans doute de savans très distingués, comme Fréret, dont le nom avait surnagé, mais de ceux-là mêmes on ne connaissait guère les ouvrages. C’était pour elle, par rapport aux deux autres, à la fois une infériorité et un avantage. Etant moins célèbre, elle pouvait espérer qu’on la laisserait plus tranquille ; il semblait que l’ombre dans laquelle elle se tenait aurait au moins ce résultat de lui susciter moins de jaloux, de faire oublier ses origines

  1. Mesnard, Histoire de l’Académie française, et Jules Simon, Une Académie sous le Directoire.