Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/720

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’amour-propre. Une démarche qui a été faite par M. Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire d’État des Beaux-Arts, a donné à croire que le gouvernement était tout disposé à s’y prêter. Le Conseil général de l’Hérault ayant décidé d’envoyer trois délégués à M. Clemenceau pour lui indiquer à quelles conditions, suivant lui, la conciliation pourrait se faire ; son président, M. Laissac, a écrit à M. Dujardin-Beaumetz pour lui demander si le Conseil général de l’Aude ne voudrait pas s’associer à cette démarche, ou en faire une analogue. M. Dujardin-Beaumetz est président du Conseil général de l’Aude. Loin de décliner la suggestion, il a invité ses collègues à se réunir à Carcassonne, à titre officieux et privé, et leur a soumis la question. Il y a lieu de croire que, membre du gouvernement, il n’a pas agi sans s’être au préalable entendu avec son chef. Les conseillers généraux de l’Aude ont jugé inutile d’envoyer une délégation à M. Clemenceau : ils ont chargé M. Dujardin-Beaumetz d’être l’interprète de leurs vœux, qui tendent tout d’abord à l’élargissement des prisonniers. Le Conseil général de l’Hérault demandait, lui, si, dans le cas où les municipalités reprendraient leurs démissions, les prisonniers seraient libérés et les troupes retirées. Dans ces termes, la question était mal posée : il ne peut s’agir d’un contrat do ut des entre le gouvernement et les départemens du Midi ; mais si on est d’accord sur le fond, on trouvera la forme à y mettre, et il semble bien qu’on marche à un dénouement de ce genre. Le gouvernement a certainement hâte de l’atteindre. En somme, il a atteint son but, qui était de donner au Midi des preuves tangibles de l’intérêt que les pouvoirs publics prenaient à ses souffrances, sans toutefois capituler devant ses exigences, ce qui aurait été de sa part une abdication. Cette affaire a déjà trop duré. Nous n’espérons pas que le calme rentre dans les esprits du jour au lendemain, mais tout le monde doit travailler à l’y ramener, et, pour peu qu’on montre quelque doigté, les chances d’y réussir sont grandes. Si M. le sous-secrétaire d’État des Beaux-Arts s’était rendu à Carcassonne au commencement de juillet, des clameurs de colère se seraient élevées contre lui ; on lui aurait jeté des pierres ; on lui aurait fait pis peut-être. Il y est allé à la fin du mois et il a été reçu avec convenance, avec déférence même, ce qui prouve que tout vient à point à qui sait attendre ; mais après avoir suffisamment attendu, il faut, quand l’opportunité se présente, savoir la saisir et en profiter. Nous serons heureux si, dans quinze jours, nous pouvons constater un progrès sensible vers l’apaisement.

Depuis assez longtemps déjà, on annonçait un Syllabus qui devait venir de Rome, et prononcer la condamnation d’un certain nombre