faudra des secousses encore plus rudes pour les sortir de leur apathie.
Dans le Midi, la situation semble s’améliorer. Le mouvement de détente n’est pas encore assez accentué pour que nous puissions déjà l’enregistrer : cependant, un certain nombre de municipalités ont retiré leur démission, et d’autres, tout en maintenant la leur, ont perdu la belle confiance des premiers jours dans la valeur des moyens d’intimidation qu’elles avaient cru pouvoir employer. Les Chambres sont en vacances ; elles ne rentreront en session qu’au milieu d’octobre. Les trois départemens en révolte pourront-ils soutenir pendant trois mois encore l’attitude qu’ils ont prise ? Il semble bien que non. C’est à eux surtout, et beaucoup plus qu’au gouvernement, qu’ils ont fait du mal. Ne commencent-ils pas à se fatiguer de leur geste tendu, violent, et d’ailleurs inefficace ? Le comité d’Argeliers a donné des instructions nouvelles, qui ne sont plus tout à fait aussi intransigeantes que celles d’autrefois. Il recommande toujours, à la vérité, la grève des électeurs pour le renouvellement partiel des Conseils généraux et des Conseils d’arrondissement ; mais il admet une exception à la règle, pour le cas où des ennemis des revendications viticoles viendraient à poser leur candidature ; il faudrait alors voter en masse, et toute préoccupation politique mise à part, pour les représentans de ces revendications. En fait, des candidats se présentent, et des élections auront lieu dans plus d’un canton. La seconde partie des instructions d’Argeliers se rapporte à l’exercice des fonctions municipales, et établit entre elles une distinction qui n’a rien de pratique. Les fonctions vraiment et purement municipales rentreraient en exercice ; celles que les municipalités remplissent comme représentans du pouvoir central continueraient d’être frappées de paralysie. Malheureusement, le maître Jacques municipal ne saurait se dédoubler. Les démissions données sont pleines et entières ; elles ne peuvent pas être partielles, porter sur un point et non pas sur un autre, laisser subsister l’agent de la commune et supprimer celui de l’État. Il faut donc les retirer, ou se résigner à ce que les intérêts communaux périclitent avec les autres : être ou n’être pas, voilà la question. Les municipalités du Midi se sont mises dans une situation fausse ; il n’est que temps d’en sortir, et le plus tôt sera le mieux. Quant à l’ordre public, il est assuré par les troupes ; mais il vaudrait beaucoup mieux qu’il le fût par le retour des populations à des sentimens plus conformes au respect de la loi, et cela surtout vaudrait mieux pour elles. Au fond, tout le monde désire en finir ; il serait très fâcheux qu’on en fût détourné par de simples questions