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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La démission du général Hagron, précédée de celle du général Metzinger et accompagnée de celle du général Michal, est un événement dont on ne saurait exagérer l’importance. Le général Hagron avait remplacé le général Brugère dans les fonctions, d’ailleurs assez mal déterminées, dont la langue courante a qualifié le titulaire de généralissime. Il devait commander, en cas de guerre, notre principal groupe d’armées et, en réalité, l’armée tout entière. Habituellement, le général investi d’un tel commandement est nommé aussi vice-président du Conseil supérieur de la Guerre. Nous ne savons pourquoi cette qualité n’avait peut-être pas encore été attribuée au général Hagron ; mais son autorité n’en était pas diminuée, et tout le monde voyait en lui l’homme chargé de la plus haute responsabilité militaire.

Le général Hagron paraissait à même d’en soutenir le poids. Il inspirait confiance ; on savait qu’il travaillait silencieusement, modestement, utilement, et qu’il n’avait aucune autre préoccupation que le bien de l’armée. Sa nomination avait été bien accueillie l’année dernière ; les partis les plus avancés n’y avaient fait aucune objection ; ils s’étaient inclinés devant la compétence reconnue du général, et devant son loyalisme républicain, dont personne n’avait jamais douté. Il semblait qu’on avait mis, comme disent les Anglais, the right man in the right place, l’homme qui convenait à la place qui lui convenait. Pour tous ces motifs, sa démission a produit une impression vive et profonde, d’autant plus qu’en l’annonçant les journaux en ont tout de suite indiqué la cause : le général désapprouvait le renvoi anticipé des classes de 1903 et de 1904, et la manière dont il est, en ce moment même, opéré. Cela a suffi pour que les journaux radicaux-socialistes lui jetassent la pierre. — Parlez-nous, ont-ils dit, du général de Lacroix qu’on lui a donné pour successeur : voilà un homme ! voilà