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fut celle de Pascal, et qu’assurément peu de gens manieront comme lui, mais qui n’en demeure pas moins la bonne. » Et, conformément à ce dessein, il distinguait trois sortes de « difficultés de croire. » « Il y en a d’historiques, disait-il, il y en a de critiques, il y en a de philosophiques. » Les premières sont celles qui se tirent de la science des religions comparées ; les secondes, des résultats de l’exégèse : les troisièmes, de l’opposition de la foi et de la science sur la question du surnaturel. Et après les avoir exposées dans toute leur force et dans toute leur gravité, — car il n’était pas de ceux qui fuient le combat, et il estimait qu’ « il est toujours laid et inélégant d’avoir peur, » — il les reprenait une à une, les discutait, montrait avec infiniment d’ingéniosité, d’une part, qu’elles étaient beaucoup moins décisives qu’elles ne le paraissaient, il y a seulement un demi-siècle, et, d’autre part, qu’elles rentraient toutes les unes dans les autres, et que, de proche en proche, elles se ramenaient toutes à l’affirmation ou à la négation du surnaturel.

Parmi ces « difficultés de croire, » on serait sans doute curieux de savoir quelles sont celles qui ont arrêté le plus longtemps l’orateur des Discours de combat. Il ne l’a pas dit en termes formels, car il n’aimait pas à faire l’étalage de ses sentimens intimes, mais il semble qu’on puisse assez aisément le deviner. D’abord, comment aurait-il pu, sur des questions qui l’avaient pris tout entier, ne pas, sinon se confesser, du moins se trahir ? Quelque épris d’impersonnalité qu’il fût, c’est ce dont il se rendait très nettement compte. « Vous savez, disait-il un jour à ses auditeurs de Besançon, vous savez avec quelle sincérité, depuis plusieurs années, je vous apporte ici ce que je me permettrai d’appeler le résultat de mes expériences religieuses. Je sais avec quelle indulgence vous voulez bien accueillir ce qui n’en est que l’expression à peine généralisée. C’est qu’aussi bien nous savons, vous et moi, qu’en matière et religion, il ne saurait jamais y avoir d’expérience personnelle qui ne soit de nature à tourner au profit commun. » Or, à lire de près la conférence sur les Difficultés de croire, on ne peut s’empêcher d’être frappé de l’accent très personnel des pages où il étudie la question des rapports du bouddhisme et du christianisme.


Nous trouverions-nous, — se demande-t-il à ce propos, — nous trouverions-nous en présence d’une loi de développement, de la pensée religieuse dont le bouddhisme et le christianisme ne seraient, à des époques et dans des milieux différens, que des « cas particuliers, » comparables et parallèles ?… C’est, Messieurs, la question que je ne crois pas qu’aucun de ceux