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V. — L’ASSISTANCE MÉDICALE

L’Assistance est considérée par les admirateurs et par les adversaires du général Galliéni comme son œuvre capitale à Madagascar, la plus originale, la plus sympathique et la plus heureuse. Objet de l’admiration des Allemands, elle a été copiée en Afrique Occidentale et en Indo-Chine. Le général eut tout à créer. Jusqu’en 1900, la pacification absorbant les énergies, on dut se borner à aménager quelques hôpitaux et à multiplier les consultations gratuites, ce qui se trouva être d’une excellente politique. On constata alors que la population était bien inférieure à ce que l’on croyait : on manda d’urgence à tous les officiers des secteurs d’aviser aux plus pressantes mesures « pour favoriser l’accroissement de la population. » Guerre à la mortalité ! Après la campagne de répression, il fallait donc se donner tout entier à une seconde campagne dirigée avec autant de précision et de vigueur : l’Assistance indigène a été conçue comme une opération militaire. Après la lutte défensive contre la variole, on prit l’offensive, on organisa une sorte d’occupation sanitaire des hauts plateaux qui furent investis d’hôpitaux et de postes (1900-1902), puis des provinces excentriques (1902-1905) : les administrateurs et les officiers font des incursions dans les campagnes, rabattent les lépreux dans les léproseries et les malades dans les hôpitaux ; le chiffre des indigènes soignés passe de 250000, en 1899, à 750 000 en 1901 pour arriver à 1700 000 en 1905, statistiques proclamées en bulletins de victoires.

En 1900 a été créé le corps des Médecins Indigènes de colonisation, institution principale qui donnera dans l’histoire coloniale son caractère et sa couleur à toute l’œuvre de l’Assistance : ces médecins sont formés à l’Ecole de Médecine de Tananarive par cinq années de cours assidus, militarisés ; diplômés, ils deviennent fonctionnaires, sont envoyés dans les postes de province pour y soigner gratuitement la population, la vacciner, diriger les hôpitaux ; en 1903, on leur a adjoint un corps de sages-femmes indigènes. Ces jeunes Hovas étaient-ils susceptibles de devenir des médecins ? Leur cerveau était-il apte à l’instruction suffisante, aux programmes très chargés qu’appliquent disciplinairement les médecins de l’armée qui les leur enseignent ? Et envoyés