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Le Myre de Vilers avec qui nous nous entretenions à Tananarive. Nous le revoyons assis devant nous en complet fantaisie dans un petit salon meublé de fauteuils Louis XV : à chaque phrase, finement conçue, difficilement prononcée, sa bouche s’épaissit et s’avance, son visage se tend dans un effort, les yeux roulent, le front se barre ; et, nous rappelant les Malgaches que nous avons vus élevés au lycée de la Réunion et qui s’exprimaient avec une si limpide aisance, conservant d’ailleurs le tour d’esprit indigène, mais ne gardant de l’idiome parlé dans leur enfance qu’une plus chantante souplesse de volubilité, nous avons l’impression qu’il ne serait pas si embarrassé s’il ne lui avait fallu sur les bancs de l’école se perfectionner analytiquement en langue et phonétique malgaches. Il parle lentement, hésitant entre les sons différens qu’il a appris concurremment. Sa pensée est d’une dialectique et d’un développement tout français, mais reste engoncée dans le pratique attentive de cette syntaxe indigène qu’il a dû acquérir, remonter dans ses moindres replis pour obtenir son diplôme. Il nous révèle que, pour encourager les jeunes Hovas à apprendre le malgache littéraire, on leur a dit que, s’il se perdait, la race perdrait de sa force, et ils finissent par le croire sans le bien comprendre ; néanmoins, ils aimeraient autant n’avoir à s’assimiler que le français.

Souple et nerveux, friand de civilisation, avisé non à agir, mais à ne pas se laisser tromper, le Malgache désire vivement s’approprier le français, et M. Raoul Allier, qui se prononce contre l’enseignement de notre langue aux Malgaches des campagnes, cite à ce sujet des pasteurs protestans qui en font l’aveu. Le premier chef du service de l’Instruction publique, M. Gautier, constatant une émulation étonnante à apprendre notre langue, perçut que le Hova a un besoin urgent de s’exprimer en français : il s’évite par là des malentendus et des désagrémens quotidiens, il échappe à la tyrannie et aux exactions des gouverneurs et des interprètes, il peut se mettre en communication directe avec le nouveau maître. Voilà les besoins réels de l’indigène, et ce n’est pas à ses besoins que répond la restauration du vieux-hova, mais à la satisfaction artistique des Vieux-Malgaches et autres Français malgachisans pour qui l’on a créé, en 1902, une Académie Malgache en vue « d’assurer la conservation de la langue indigène dans toute sa pureté. » On grève l’indigène d’impôts afin de mieux lui apprendre sa propre langue. « Le développement