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l’esprit qui s’en allège ; — tout au contraire, un petit Betsiléo ou Betsimisare, doué des mêmes aptitudes, alors même qu’il aura pu s’assimiler les leçons de ses livres, — ce qui est très rare, non parce qu’il n’est pas intelligent, mais parce qu’elles lui sont expliquées par un instituteur malgache, — retombe parmi des gens ignorans, paresseux et sans besoins, parlant une langue qui l’éloigné de la civilisation. A quoi peuvent lui servir, au milieu de familles parlant malgache, non seulement les notions d’histoire du XVIIe siècle, de géographie physique de la France[1] et les préceptes de la traduction, mais même les règles théoriques de l’arithmétique, qui ne sont utiles au petit noir de la Réunion que parce qu’il est en contact quotidien avec des patrons blancs, qu’il sera employé dans des banques, se placera comme garçon de bureau ou domestique chargé d’achats ?

Le vernacular (éducation indigène des États inférieurs de l’Inde anglaise) est un peu mieux conçu. D’abord, on ne prend les enfans que le matin seul, pendant trois heures, afin de leur permettre de travailler pour leurs parens l’après-midi : c’est le principe du demi-temps. En quatre ou cinq ans, on leur enseigne l’écriture, le calcul, la géographie et l’histoire sous la forme la plus succincte, la comptabilité, — ce qui est plus adapté à l’état de civilisation et de colonisation du pays, — l’agriculture, l’étude de l’impôt et des feuilles de l’impôt, afin qu’ils ne se laissent pas exploiter par le percepteur, ce qui serait très important à Madagascar, et l’éducation physique, à quoi il faudrait une méthode spécialement adaptée à la constitution de l’enfant malgache. Des comités d’école consultatifs, formés des notables indigènes, sont adjoints à l’instituteur. Ce qu’il y a à retenir, c’est que l’enseignement de l’agriculture est le plus développé ; ils y ont un livre spécial : ceux de l’enseignement à Madagascar portent, sur l’histoire et la géographie, ce qui est moins pratique ; il n’y en a point sur les leçons de choses malgaches, les arbres et les produits du pays. Les concours d’admission à une école régionale sont des exercices de vocabulaire, de gymnastique intellectuelle ; on vise avant tout dans les écoles primaires à

  1. Type de devoir d’élève : « Le seul affluent français du Rhin est la Moselle grossie de la Meurthe et dont le cours s’achève en Allemagne. La Meuse prend sa source aux Monts Faucilles, elle passe à Sedan, à Mézières, continue son cours en Belgique où elle reçoit la Sambre et se jette dans la mer du Nord. L’Escaut passe aussi de France en Belgique. » Ecole Rabaut Saint-Etienne.