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bon ordre, car, en moins de trente-cinq minutes, sans agitation, ni précipitation, on sert le déjeuner à 80 personnes.

Le règlement porte que l’on doit rentrer à dix heures du soir à cause des veillées des ateliers pour les unes et des bureaux pour les autres. Quelle que soit l’heure du retour, les jeunes filles trouvent un dîner chaud, même si leur travail les retient au-delà de dix heures du soir. Mais elles doivent en prévenir la directrice, Mme de Marcillac, qui leur donne une dispense. Une fois rentrées pour le dîner, aucune des pensionnaires ne peut sortir sans un billet signé de la directrice qui seul fait ouvrir la porte. C’est dire que si on leur accorde toute la liberté nécessaire à une vie de travail, on s’efforce de les garantir contre les dangers qui les guettent. L’Œuvre tâche d’être pour elles la mère absente et de leur rendre les douceurs de la vie de famille. Si vous y veniez un soir de dimanche ou de jeudi, vous ne seriez sans doute pas moins étonnés qu’un des plus illustres chirurgiens de Paris qui venait y soigner une malade. La personne qui le conduisait, ne se voyant pas suivie, retourne sur ses pas et le trouve arrêté devant les fenêtres ouvertes d’une salle où des jeunes filles dansaient de tout cœur au son du piano. Le docteur Segond s’émerveillait de cette gaîté, et en oubliait sa malade. Et que d’âmes passionnément dévouées on rencontre, dans cette vieille demeure, déjà trop étroite, parmi les femmes qui se sont consacrées à l’œuvre, qui vivent là, au milieu des pensionnaires, et qu’il ne faut pas nommer, pour ne pas froisser leur modestie !


PAUL ACKER.