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préside la baronne de Bully avec le concours de quelques autres femmes du monde, entre autres la marquise de Sers, Mme de Vilmorin, la baronne David Leonino, Mme de la Roche, Mme Narischkine, me paraît un type excellent de ces abris familiaux.

Maison de famille, vraiment ! Fondée en 1891, elle n’est pas en effet seulement un refuge provisoire pour la jeune fille ou la jeune femme qui travaille : elle remplace la maison paternelle. Quatre-vingt-dix jeunes filles y sont reçues et payent une pension mensuelle de 50, 60 et 65 francs. Ce prix comprend la nourriture qui est la même pour toutes, et le logement qui diffère suivant les prix. Celles qui paient 50 francs logent dans un grand dortoir ou des chambres à trois. Pour 60 francs, on a, dans une grande pièce, une chambrette formée par des cloisons et des rideaux. Les chambres se paient 65 francs. En dehors de ces 90 pensionnaires, la maison a 18 places gratuites, dont le Conseil dispose, suivant les statuts, pour des situations difficiles. L’Œuvre n’est pas absolument gratuite, parce que les jeunes filles reçoivent toutes pour leur travail un salaire qui varie de 90 à 200 francs. En payant leur pension, elles apprendront à compter, à régler leur modeste budget, et seront ainsi à la hauteur de leur tâche quand elles constitueront une famille.

Les pensionnaires prennent leurs repas dans la maison, à l’exception toutefois des employées au Louvre ou au Bon-Marché. Si quelques-unes sont retenues pour le déjeuner dans un quartier trop éloigné, elles peuvent emporter leur déjeuner qu’elles cuiront ou réchaufferont dans la maison où elles travaillent. En outre, moyennant 75 centimes par repas, les personnes n’habitant pas la maison, et que leurs occupations appellent dans le quartier, peuvent prendre le repas du jour.

La nourriture se compose du calé au lait le matin, remplacé par du chocolat le dimanche. À midi, on donne un plat de viande, un légume, un dessert ; le soir, un potage, un rôti, un légume et un dessert ; à chaque repas, un carafon de vin ou de lait au choix et un morceau de pain. L’œuvre invite les dames qui voudraient juger par elles-mêmes de ce qu’est la nourriture, à venir un jour déjeuner ou dîner au milieu des jeunes filles. On leur fait payer, à elles, leur repas 1 franc, et elles peuvent se rendre compte non seulement du menu, mais surtout du bon esprit, de la cordialité, qui règnent dans la maison, et aussi du