demie ou 7 heures. La matinée est occupée par la préparation du premier déjeuner pour la maison, le nettoyage de la boutique ; puis on se met aux commandes pour les déjeuners en ville et aux petits gâteaux que la clientèle viendra manger sur place dans l’après-midi. Après le second déjeuner, il y a un moment d’accalmie. Mais, à partir de 3 heures, commence le travail pour les dîners et les soirées, travail enfiévré par les commandes tardives que le téléphone permet jusqu’au dernier moment. Les pâtissiers devraient dîner normalement à 7 heures. En réalité, ils mangent aux heures les plus irrégulières, souvent fort tard, quand le fourneau est enfin désencombré. Le dîner termine habituellement la journée de travail. Toutefois, dans les grandes pâtisseries, trois ouvriers et un apprenti prennent à tour de rôle « la garde » qui se prolonge jusqu’à 10 heures ou minuit. Les soirs où l’atelier fournit un dîner en ville, certains ouvriers sont délégués à cet effet ; ils découpent les pièces, et le retour n’a lieu que très avant dans la nuit, surtout si un souper suit le dîner… Les jours de fête, le travail de la pâtisserie commence à cinq heures du matin et ne se termine que vers minuit. Pour Noël, pour la veillée des Rois, pour d’autres fêtes importantes encore, ouvriers et apprentis n’ont que deux à trois heures de sommeil en vingt-quatre heures. Pas de vie de famille, pas de vie morale, pas de vie religieuse. Le petit marmiton souffre beaucoup d’abord, puis s’étourdit comme il peut, en buvant, en fumant, en jouant aux courses. Lorsque les pourboires, — qui doivent subvenir à son habillement, — ne peuvent plus contenter ces nouveaux besoins, la tentation du vol s’offre à lui et il y succombe assez fréquemment[1].
L’enquête sur les ouvrières blanchisseuses révèle aussi des faits très tristes. Les ateliers, où l’on a souci de leur moralité, deviennent de plus en plus rares. Dans certains, où les veillées se prolongent souvent jusqu’à onze heures du soir, les ouvrières qui n’ont pas eu un instant pour dîner, prennent de l’alcool ou de l’absinthe pour se donner des forces… La livraison du linge à domicile par une jeune fille de vingt ans est pleine de dangers, surtout dans les hôtels meublés… Et de même que Mme Brincard proposait au sujet des marmitons-pâtissiers quelques améliorations qui dépendaient uniquement des
- ↑ Baronne Brincard, les Marmitons pâtissiers (Compte rendu de la troisième assemblée générale de la Ligue sociale d’acheteurs en 1903.)