travaillent ; elle comprit tout de suite quel puissant moyen d’action offrait le groupement, mais elle hésita beaucoup avant d’adopter comme forme de groupement la forme syndicale et ne s’y décida qu’il y a sept ans environ. Les syndicats de femmes domiciliées dans les Bourses de travail l’effrayaient, à cause de leurs revendications : elle voulait faire autre chose et mieux.
Mlle Rochebillard écrivit donc tout d’abord aux syndicats de femmes qui existaient déjà, leur demandant de lui remettre un exemplaire de leurs statuts et de lui fournir toutes les indications sur leur fonctionnement. Cinq avaient pris les statuts de l’Aiguille, six autres donnèrent des renseignemens sur le fonctionnement syndical ; les autres ne répondirent pas. Mlle Rochebillard prépara les statuts des syndicats lyonnais et avec une vingtaine d’adhérentes pour chaque syndicat, fonda le syndicat des dames employées de commerce, le syndicat des ouvrières de l’Aiguille lyonnaise, et le syndicat des ouvrières de la soie, celui-là un peu plus tard. Les statuts des trois syndicats sont identiques. Pour être admise dans l’un d’eux, il faut avoir quinze ans révolus, bonne vie et bonnes mœurs, être présentée par deux membres du Conseil et remplir au reste toutes les conditions exigées par la loi de 1884. La cotisation est fixée à 0 fr. 05 par semaine, payable six mois d’avance, plus les 0 fr. 50 d’entrée et les 0 fr. 25 du livret. Un Conseil syndical administre le syndicat. Ce Conseil est nommé en assemblée générale ; cependant le tiers de ses membres a été élu par les fondatrices du syndicat, et ce tiers n’est pas soumis à la réélection, afin que soit assurée la stabilité de la corporation. Le bureau est nommé par le Conseil du syndicat ; il se compose d’une présidente, une vice-présidente, une trésorière, une secrétaire et une visiteuse par section d’au moins vingt membres. Les syndiquées se réunissent une fois par mois, en assemblée professionnelle, et une fois par an, au mois de mai, en assemblée générale. Ce qui caractérise ces syndicats, on le voit, c’est le recrutement du Conseil et le taux réduit de la cotisation. Aujourd’hui, le syndicat des dames employées du commerce compte 225 adhérentes ; celui de l’Aiguille, 275, et celui de la Soie, 60 ; soit 560 syndiquées. Les réunions syndicales ont lieu chaque mois, un dimanche, et durent environ deux heures. Sous aucun prétexte les hommes n’y sont admis. Les femmes de toutes les classes appartenant aux trois organisations ouvrières ont le droit d’y