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c’est-à-dire, une bande sur laquelle les parties claires de l’objet seront obscures, les ombres se peignant en clair. Développons, fixons, lavons et séchons cette épreuve, appliquons-la sur une autre pellicule sensible, de mêmes dimensions, mais que la lumière n’a pas encore attaquée, et faisons dérouler le double ruban ainsi obtenu à l’intérieur de l’appareil en plaçant devant l’objectif, au lieu du sujet, une source lumineuse convenablement choisie. Si, dans le mouvement de déroulement, nous avons soin de ménager les arrêts indispensables à la lumière employée pour impressionner la nouvelle pellicule à travers l’ancienne, — avec les lampes électriques dont on se sert dans les usines cinématographiques, une seconde d’arrêt suffit, — les images positives, dans lesquelles les clairs correspondent aux clairs de l’objet, les ombres aux ombres, se produiront d’elles-mêmes, sur la pellicule vierge. Soumettons cette seconde bande aux mêmes manipulations que la première, et elle deviendra une bande positive, autrement dit un film. Il va de soi que rien n’empêche, en opérant sur un nombre quelconque de pellicules vierges, d’obtenir, avec une seule bande négative, autant d’épreuves positives qu’on peut le désirer.

Notons, en finissant, que la pratique industrielle a montré qu’au lieu tic renverser le cinématographe, pour en faire un chronophotographe, il est préférable de séparer les deux instrumens l’un de l’autre, c’est-à-dire de construire, pour les prises de vues, des appareils spéciaux sur lesquels il nous semble, ici, inutile d’insister.


III

Au point de vue purement scientifique, le cinématographe, tel que nous venons de le décrire, doit être regardé, pour la synthèse des mouvemens, comme un appareil presque parfait. Mais qu’on lui demande de donner une sensation réelle et complète de vie, surtout une sensation un peu prolongée, alors tout change et, d’abord, un défaut des plus fâcheux, le papillotement, rappelle vite au spectateur qu’il n’a, en somme, devant les yeux qu’une simple machine, pas autre chose.

Ainsi qu’il est facile de s’en assurer par soi-même en faisant clignoter les paupières, la nuit, à une certaine distance du premier bec de gaz venu, le papillotement, le scintillement, comme