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est, sans conteste, le plus remarquable, celui qui mérite le mieux d’être sérieusement approfondi ; aussi, depuis longtemps déjà, la science s’était-elle mise en état de pouvoir mesurer, avec toute la précision possible, la durée, l’étendue et la force des mouvemens les plus divers. Une chose lui échappait, cependant : en général, elle était à peu près impuissante à saisir, dans un mouvement, ce qu’on pourrait appeler sa forme, c’est-à-dire la succession de ses différentes phases. Aujourd’hui cette lacune est comblée, et cela grâce à l’introduction définitive, dans la pratique expérimentale, de la méthode et des instrumens qui avaient fait défaut jusqu’alors : la méthode graphique et les appareils enregistreurs.

Les diagrammes si simples que contiennent actuellement presque tous les journaux dans leur Bulletin météorologique, ceux que l’on trouve à foison dans une multitude de publications courantes, ont tellement vulgarisé l’emploi de la méthode graphique qu’il nous paraît d’une inutilité absolue, surtout ici, d’en exposer les principes. Bornons-nous à observer que ces diagrammes donnent tantôt une succession interrompue de points, tantôt une courbe continue, série de points que l’on a, le plus souvent, reliés entre eux en se laissant guider par le sentiment de la continuité ; chacun de ces modes de figuration s’impose de lui-même suivant les circonstances. Ainsi, depuis le XIe siècle, il existe une expression graphique de mouvemens très fugitifs, très délicats, très complexes, qu’aucune langue parlée ne saurait exprimer : la notation musicale. Dans ce cas, c’est évidemment la représentation par points qui s’impose, tandis que la représentation d’un phénomène continu, comme, par exemple, le mouvement vibratoire d’un diapason, est plus naturellement exprimé par une ligne elle-même continue.

Quelquefois, pourtant, les variations successives d’un même phénomène peuvent ne présenter qu’un intérêt secondaire, tandis que les variations simultanées de deux phénomènes, l’un par rapport à l’autre, sont d’une importance de tout premier ordre ; ici encore, la méthode graphique se prête avec la plus grande aisance à la comparaison désirable. Jetons, par exemple, un coup d’œil un peu attentif sur les graphiques superposés de la température et de la pression atmosphérique que donne quotidiennement le journal Le Temps : comme on a eu soin de rapporter les points de ces deux graphiques aux mêmes heures de