pris, ils subissent les châtimens destinés aux plus grands crimes. Nous ne doutons pas que Votre Majesté ne soit attendrie au récit de ces cruautés et qu’elle n’ait demandé comment, dans l’origine, on a pu prononcer la peine de mort contre des citoyens pour un intérêt de finance. » Necker déclare le code de- la Ferme « inepte et barbare. » Adam Smith en avait fait l’observation : « Là où le revenu est en ferme, là sont les lois les plus sanguinaires. »
Déjà pour le peuple, le contrebandier était un ami : voici qu’il devient à ses yeux un héros, — cependant que les « publicains, » sentant leur impopularité grandir, redoublaient de rigueur.
Pour combattre les contrebandiers, les fermiers généraux avaient une armée d’ « employés. » Le peuple les appelait les « gâpians. »
- L’autre jour à la barrière
- Les gâpians m’ont arrêtée :
- — Dit’nous, jeune demoiselle,
- N’avez-vous rien de caché ?
C’est une chanson du Forez.
Le gâpian est un oiseau de mer, goéland ou courlis, qui, planant dans les airs, semble veiller sur les côtes, en scruter les moindres criques, les calangues, le creux des rochers. De là le nom.
Les « employés » ou gâpians devaient prêter main-forte aux « commis » que les fermiers chargeaient du recouvrement de leurs droits. Employés et commis étaient d’ailleurs confondus par le peuple en une commune malédiction. Comme les employés, les commis recevaient, en plus de leurs émolumens fixes, le tiers des confiscations et des amendes qu’ils faisaient prononcer.
Employés et commis étaient recrutés d’une manière déplorable. L’ordonnance de 1680, qui réglait leur condition, portait qu’ils seraient reçus au serment « sans information de vie et mœurs. » On ne demandait aux candidats que d’avoir au moins vingt ans. Si bien que les sujets les moins recommandables se présentaient et étaient admis. « Ces brigades (d’employés), écrit