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vous ne m’en ayez rien dit. Mais, au fond et derrière les nécessités du présent, vous devez y penser. Mais permettez-moi de revenir toujours sur ce point : ne vous croyez pas si bien que vous renonciez au repos absolu. Adieu, monsieur, mille respects à Mme de Tocqueville et à vous avec le désir que vous croyiez un peu plus à l’entier et bien tendre attachement de votre chef de cabinet.

Cte DE G.


Château de Trye (Oise), 21 mars 1859.

Monsieur,

J’espère que vous avez reçu mon livre sur les textes cunéiformes, et j’espère surtout que votre santé se soutient. J’ai été à Paris ces jours-ci, et j’ai vu M. Mérimée qui m’a donné de vos nouvelles, et M. de Rémusat qui en avait aussi. Je compte que vous allez me dire que le mieux dont vous vous félicitez dans votre dernière lettre et dont tout le monde me parle ne fait que se consolider et se fortifier. Je sais bien que Cannes est un bon lieu et que du repos et un loisir pas ennuyeux suffiront pour vous remettre, mais j’eusse aimé aussi (et je crois que je vous l’ai dit) vous voir pour un hiver en Égypte. Les choses auraient fini ainsi bien plus promptement. Mais je sais que Mme de Tocqueville n’aime pas la mer et, en somme, tout va bien. Ainsi pourquoi regretter le mieux ? C’est peut-être par pure partialité pour les Pyramides.

Je vous annonce que je viens de recevoir une destination. Je vais faire une campagne de six mois à Terre-Neuve comme commissaire pour étudier les limites des pêcheries. J’ai pour collègue de la marine M. de Montaignac, que vous connaissez bien, et qui est en même temps commandant de la station. Je ne doute pas que nous soyons très contens l’un de l’autre. Pour moi, j’y ferai tout mon possible. On considère cette mission comme avantageuse pour moi à beaucoup d’égards. Ainsi je ne dirai rien de ses inconvéniens, dont le principal est de me faire quitter les miens, ce qui ne me plaît jamais.

M. de Rémusat m’a dit que vous travaillez. J’en suis très heureux à un certain point de vue, mais je ne voudrais pas vous voir vous fatiguer. Je sais que vous ne prenez pas doucement les choses de l’esprit et que vous y mettez toute votre âme et