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qu’il gardait à celui-ci, trop profond le respect qu’il lui avait voué, pour qu’il eût pu se laisser entraîner à lui répliquer sur le même ton. Il préféra donc cesser le combat.


Téhéran, 20 mai 1857.

Monsieur,

Vous m’avez répondu par six pages d’ironie à mes raisonnemens. J’en conclus que vous ne voulez pas discuter. Ne discutons donc pas et parlons d’autre chose.

Je vous aurais écrit depuis longtemps, attendu que, de ma part du moins, je n’aime pas voir languir la correspondance entre nous, mais j’ai été réellement accablé d’affaires et absorbé par le travail. Nous avons eu toutes les émotions de la guerre, comme on peut les avoir dans l’Asie centrale, embellies de discussions diplomatiques à l’européenne, d’intrigues orientales et d’essais de violence à surveiller, à empêcher, ce qui n’était pas toujours facile, et de quelques menus égorgemens qui, ne me regardant pas, ont dû me laisser inactif, mais non pas sans attention. Nous venons de finir bravement par un impôt volontaire qui a amené quelques petits troubles dans le voisinage de la ville, et tout va le mieux du monde. Pendant que j’avais tout ce tracas, et les affaires persanes ne se traitent pas vite ni simplement, j’étais également sollicité par mes propres travaux qui en étaient à cette période passionnante où on a trouvé beaucoup de choses inconnues, mais où il s’agit de les éprouver, de les classer et de leur donner leur vraie valeur. J’ai eu cette fortune de mettre la main sur plusieurs manuscrits persans peu connus de nom et encore moins étudiés de fait, j’étais déjà, par eux, transporté dans une tout autre sphère que celle où l’on voit d’ordinaire l’histoire de la Perse avant l’Islamisme quand deux autres livres, inconnus aux savans du pays eux-mêmes, sont venus encore agrandir mon horizon et me procurer de vraies jouissances. J’y ai joint la trouvaille d’une classe de médailles, non encore déchiffrée jusqu’à présent, et dont la lecture va changer profondément toute la classification des rois Arsacides ; enfin, une assez belle collection de pierres gravées antiques que je me suis faite, et qui embrasse la période intermédiaire entre Cyrus et les premiers Khalifes, me permet de changer aussi tout le fond des idées relativement au rôle de la Médie et de la Perside dans l’empire des Achéménides. Voilà, tout à l’heure mon