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relations avec toutes les puissances. Ces relations sont bonnes, excellentes avec quelques-unes, correctes et courtoises avec toutes, notamment avec l’Allemagne. Si nous parlons plus particulièrement de l’Allemagne, ce n’est pas que nos rapports avec elle aient été dans ces derniers temps plus tendus qu’auparavant, mais parce que c’est de ce côté que se porte plus volontiers l’attention publique. Pourquoi nos rapports avec l’Allemagne se seraient-ils modifiés ? Nous avons parlé, il y a quinze jours, de l’effet produit sur l’opinion allemande par l’annonce de nos arrangemens avec l’Espagne relatifs au maintien du statu quo dans la Méditerranée et dans l’Océan. L’opinion, c’est-à-dire la presse, montre chez nos voisins une extrême sensibilité, ou même nervosité, que nous avons dû plusieurs fois signaler ; mais rien ne prouve qu’il en soit de même du gouvernement ; tout porte à croire qu’il en est de lui tout autrement. Quoi qu’il en soit, le discours de M. Pichon ne laisse aucun doute sur nos intentions, et nous sommes heureux de constater l’accueil qu’il a reçu, même auprès de ceux qui avaient paru prendre ombrage de notre action diplomatique. On a dit que nos arrangemens et que ceux de l’Angleterre avec l’Espagne étaient pour le moins inutiles, car personne ne menaçait le statu quo dans l’Océan et la Méditerranée. Personne ne le menace, en effet ; mais croit-on que le moment serait bien choisi pour le garantir par un arrangement international, si quelqu’un le menaçait ? On ne manquerait pas alors, et peut-être à juste titre, de voir une provocation dans la précaution qui serait prise à une pareille heure. C’est lorsque tout est calme, tranquille, et qu’on n’aperçoit nulle part un danger immédiat, qu’il est sage de prendre des mesures préservatrices contre un danger éventuel, même peu probable, même très lointain. Qui pourrait s’en inquiéter ? Qui pourrait s’en offenser ? Ce serait une erreur de croire que notre arrangement avec l’Espagne est une œuvre de circonstance, qu’il a été le résultat d’une impression toute récente, qu’il est né hier et que son application a été prévue pour demain. C’est un incident qui est venu se placer logiquement dans la trame de notre politique générale. Il est tout naturel que nous cherchions à nous mettre d’accord avec les nations qui ont des intérêts communs avec les nôtres, et qui nous témoignent de la confiance et de la sympathie. Ne pas profiter des occasions qui s’en présentent serait une faute qui pourrait plus tard faire naître des regrets. Tels sont, sans aucun doute, les motifs qui, après nous avoir rapprochés de l’Espagne dans les questions marocaines, nous ont encore rapprochés d’elle dans les questions méditerranéennes et océaniques ; et, comme nous