n’est qu’un « on dit, » sans aucun rapport avec les faits certains qu’il vient de nous transmettre.
Vers le même temps, un autre biographe italien, Ortenzio Landi, dans ses curieux Catalogues, imprimés à Venise en 1552, a consacré à Corrège quelques lignes où nous apprenons seulement que le peintre « est mort jeune, sans avoir pu voir Rome, » et que son génie « a été fait par la nature plus que par aucun maître. » Que l’on joigne à ces textes un petit nombre de documens, découverts dans les archives de Correggio ou de Parme, — la plupart concernant des commandes de peintures : — et l’on aura tout ce qu’il est possible de savoir sur la vie de Corrège. Né, vraisemblablement, vers 1495, Antoine Allegri a été chargé en 1514, encore mineur, de peindre le tableau du maître-autel pour l’église Saint-François de sa ville natale ; en 1516 et en 1518, il a servi de parrain à deux petites filles ; en 1520, il s’est marié, et, la même année, a commencé à toucher de l’argent pour ses peintures de Saint-Jean à Parme ; l’année suivante, il s’est inscrit parmi les membres du Tiers-Ordre de Saint-Benoît ; en cette même année 1521, il a eu un fils, et trois filles entre 1524 et 1527 ; en 1530, il s’est décidément réinstallé à Correggio, où il venait d’acheter une petite maison l’année précédente ; enfin, le jeudi 5 mars 4534, il est mort, et nous voyons que nombre de messes ont été dites pour lui, dans l’église franciscaine qu’il avait jadis ornée de ses premiers chefs-d’œuvre. Noterai-je encore que son tombeau fut détruit en 1641, et que, en 1786, on a solennellement envoyé à Modène un crâne que l’on a supposé être le sien, mais qui, d’après le jugement de la science moderne, paraît plutôt avoir appartenu à une « vieille femme ? »
Du moins, ces maigres documens semblent-ils bien prouver que Corrège n’a été ni assez indigent, ni assez avare, pour s’exposer à mourir en portant sur son des un sac de gros sous. Quant à l’autre anecdote que l’on rapporte de lui, et suivant laquelle il se serait écrié : « Moi aussi, je suis peintre ! » au spectacle de la Sainte Cécile de Raphaël, sa valeur historique n’est guère plus sérieuse mais évidemment cette anecdote, de même que les passages cités plus haut d’Ortenzio Landi et de Vasari, reflètent le sentiment de surprise qu’ont dû éprouver tous les contemporains de Corrège, en présence de ce qu’il y avait, dans le génie de celui-ci, de merveilleusement spontané et original. Et, aujourd’hui encore, c’est ce sentiment de surprise que nous fait éprouver l’œuvre du peintre de la Sainte Catherine et des Vierges de Dresde. Nous avons l’impression de trouver devant nous un art qui non seulement ne ressemble à aucun autre, mais qui n’est sorti