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Les compagnies de débarquement ont pris une telle importance, qu’il n’est plus permis d’ignorer ce qui se rapporte au fusil et au service en campagne.

Enfin, les bâtimens rapides ne naviguent plus à l’œil, mais avec une précision mathématique. Ajoutons que le kilogramme du vaisseau de ligne qui valait 0 fr. 50, atteint aujourd’hui 2 fr. 80. six fois plus ; chaque unité, suivant sa classe, vaut de 25 à 40 millions. Un moment d’inattention, un faux coup de barre, une manœuvre trop hardie, coûtent plus cher et alourdissent les responsabilités.

L’officier de quart surveille la route du navire. Les grandes vitesses actuelles, dans des mers plus fréquentées, l’obligent à porter son attention sur les rencontres possibles, et non sur la forme et la direction des nuages. Autrefois, il regardait le ciel, maintenant il fixe la mer. De nos jours, le sombre croiseur bardé de fer marche droit au but. A vitesse économique, il franchit régulièrement 240 milles par vingt-quatre heures (les grands paquebots en font 500). La vapeur nous a enseigné la valeur du temps.

Ces responsabilités nouvelles réclament des officiers beaucoup plus complets ; d’où nécessité d’études approfondies et variées. Or, ce bloc de connaissances indispensables, l’érigérez-vous sur du sable ? On sent la nécessité de fortes études préliminaires.

Écoutez lord Selborne : « Autrefois, il suffisait à l’officier de marine d’être marin. Il faut aujourd’hui qu’il soit marin, canonnier, soldat, mécanicien et homme de science. »

Oui, homme de science, toujours à l’affût du progrès. Malgré ses occupations multiples, l’officier recherche tout travail supplémentaire exigé par les modifications incessantes et les inventions nouvelles. En pleine maturité, il couronne ses études par l’École supérieure de marine, qui restera, n’en doutez pas, la pépinière des amiraux.

Ces efforts sans cesse renouvelés l’élèveront à la hauteur de sa tâche. Car on ne peut admettre que le commandant d’un de ces cuirassés devenus des usines flottantes reste à la merci d’un spécialiste. Le commandant doit contrôler lui-même chacun des services, au moins dans son ensemble. D’où un bagage considérable, dont les chapitres s’intitulent :


Manœuvre ; — Architecture navale ; — Artillerie ; — Torpilles ; — Physique (y compris la télégraphie sans fil) ; — Chimie ; — Machines ; — Fusil ; — Tactique ; — Stratégie ; — Navigation ; — Signaux ; — Astronomie ; — Administration ; — Droit maritime ; — Organisation de la marine ; — Marines étrangères ; — Langues étrangères ; — Diplomatie.