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officiers d’infanterie, 50 sortent de Saint-Maixent ; est-ce une raison pour introduire la même proportion dans l’armée de mer ?

La marine, milieu très spécial, n’a guère de commun avec l’armée de terre que la correspondance des grades. Tout diffère dans ces deux groupes, considérés à juste titre comme les deux bras de la Défense nationale. On ne saurait appliquer les mêmes règles à l’un et à l’autre.

D’ailleurs, le bagage scientifique et pratique d’un officier de mer est plus lourd, plus varié qui celui d’un officier de terre. C’est l’évidence même. Dans ces conditions, Saint-Maixent est-il possible en marine ? Voilà l’objet de nos recherches. A côté des mesures déjà prises, nous inscrirons les résultats obtenus. Honnêtement ; car notre but consiste à déterminer, en toute sincérité, la valeur de la solution que l’on s’efforce de mettre en pratique. Et cela, sans aucune théorie préconçue, sans autre souci que l’intérêt général. Surtout, séparons très nettement ces considérations de la politique, qui n’a rien à voir en ces matières. De quoi s’agit-il en effet ? De former de bons officiers de marine. Voilà tout. Quelle somme de connaissances l’État est-il en droit de demander à un officier de mer ? Avant de répondre, établissons la gradation des idées et des faits ; examinons ce qu’était autrefois l’officier ; voyons ce qu’il est devenu, ce qu’on lui demandait jadis et ce que l’on réclame actuellement de lui.

Une différence profonde sépare l’ancien officier de la marine à voile, de celui des cuirassés modernes. Autrefois, les officiers faisaient du sport pendant toute leur carrière, avec une parfaite tranquillité d’esprit : le matériel restait immuable. Ni changemens, ni modifications, ni progrès. A cette époque, on ne connaissait point les escadres d’échantillons.

Rien ne ressemblait à un vaisseau comme un autre vaisseau. Chaque bâtiment restait parfois vingt ans sur les chantiers. Loin d’entraîner des inconvéniens, cette lenteur de construction permettait aux bois de parfaitement sécher ; et, comme on reproduisait toujours le même type, le vaisseau descendant de la cale prenait son poste dans la ligne de file, alors seul ordre de bataille. Avec un équipage entraîné, la puissance de cette unité nouvelle ne différait en rien de celle de ses matelots d’avant et d’arrière.

Au point de vue professionnel, un vieux lieutenant de vaisseau possédait à peu près la somme des connaissances nécessaires. Le plus ancien du navire cultivait le canonnage, à ses momens perdus ; car,