administrative assurerait à chaque fraction du pays une autonomie suffisante pour permettre à chaque village de choisir librement l’église et l’école qui répondraient le mieux au vœu des habitans ; toutes les minorités obtiendraient des garanties pour la liberté du culte, de la langue et de l’enseignement. C’est alors seulement que les populations prendraient confiance en leurs gouvernails, se mettraient au travail, créeraient d’elles-mêmes l’ordre et la prospérité, qui, depuis si longtemps, sont inconnus à ce malheureux pays. Un tel régime, pourvu qu’il sauvegardât le droit de souveraineté du Sultan, ne ferait que réaliser les promesses faites à maintes reprises, par l’Europe et par les Sultans eux-mêmes, aux chrétiens de Macédoine.
Le sacrifice, pour le gouvernement turc, serait d’ailleurs moins important qu’on ne pourrait le croire. Loin de retirer des bénéfices de ses provinces macédoniennes, le Sultan est obligé de dépenser pour elles des sommes considérables qui grèvent lourdement ses finances. Même quand sera appliqué le droit de douane supplémentaire de 3 pour 100, le budget des trois vilayets sera encore loin d’être en équilibre. Actuellement il est dû à l’armée deux mois et demi de solde, aux fonctionnaires trois mois de traitement. L’arriéré est de 360 000 livres turques, soit près de 8 millions et demi de francs que la Commission financière a énergiquement refusé de reporter sur le budget de l’année courante. Le dernier exercice financier, malgré les efforts d’Hilmi Pacha et des conseillers financiers, a été en déficit de 300 000 livres turques. Comment la Sublime-Porte fera-t-elle face à un tel arriéré, même à supposer qu’elle puisse, quand le nouveau droit fonctionnera, subvenir aux dépenses courantes ? Les provinces d’Anatolie, les plus fidèles, se lassent de payer des impôts qui ne profitent qu’à celles de Roumélie ; des incidens comme l’émeute de Trébizonde, à l’automne 1906, sont significatifs à cet égard. Si, au contraire, un régime nouveau s’établissait en Macédoine, les puissances seraient dans l’obligation morale de faire elles-mêmes un emprunt pour solder l’arriéré et suffire au présent. Un vieil officier turc, qui me parlait de cette situation, ajoutait : « Il vaut mieux que nous abandonnions aux chrétiens ces pays où ils sont trop nombreux ; nous devrions même nous retirer en Anatolie, laissant l’Europe qui n’est pas notre patrie ; nous nous réformerions selon nos propres lois et nos propres traditions, nous