catholique romain, proscrit, en partie décimé, avait été jeté dans une opposition violente. Ses chefs étaient presque tous émigrés : de l’étranger, les prélats « réfractaires » exhortaient leur clergé à la lutte plus qu’à la soumission aux lois. Et comment, d’ailleurs, se soumettre à une législation qui est tout entière forgée contre vous, et vous met entre l’apostasie ou la proscription ?
Le clergé constitutionnel, quelque séparé qu’il fût de l’État, était cependant le groupe clérical révolutionnaire. Tous ceux qui, à un titre ou à un autre, étaient intéressés au succès de la Révolution, et, plus particulièrement, les acquéreurs des biens du clergé, redoutaient le retour des curés « romains » qui, nous l’avons dit, les excommuniaient comme usurpateurs du patrimoine de l’Eglise. Plus liant, le gouvernement redoutait leur retour qui serait un triomphe. On investit alors étroitement les sanctuaires, à condition de les partager avec les « cultes civiques, » et les constitutionnels furent en grande partie maintenus dans les temples. Parmi les prêtres fidèles à Rome, cependant, des divisions se créaient. Les uns, depuis qu’on n’exigeait plus de serment à la Constitution civile, entendaient se soumettre ; l’éminent abbé Emery, supérieur de Saint-Sulpice, y poussait les siens ; mais le clergé intransigeant, voyant en cette conduite une demi-apostasie, la condamnait violemment. Son influence restait prépondérante. De Londres, les évêques émigrés blâmaient toute concession et soumettaient ainsi à une dure épreuve ce malheureux clergé, dont, écrit l’historien en une de ces formules où il excelle, « le corps était en France et la tête hors de France. » Comme toujours, les sectaires de gauche prêtèrent en cette circonstance un appui singulier aux sectaires de droite ; car, après le 18 fructidor, la lutte, engagée derechef par le gouvernement républicain contre l’Eglise, découragea les soumissions et donna raison aux prêtres intransigeans. Les cloches avaient recommencé à sonner ; « on leur arracha la langue. » Les croix avaient, suivant un agent du Directoire, partout « repoussé ; » on les abattit de nouveau. Les catholiques tinrent bon, reprirent le chemin du grenier où, exposé à mille dangers, le prêtre poursuivi célébrait furtivement les mystères ; mais exaspérés par ce renouveau de persécution, les paysans prirent décidément en horreur ce gouvernement de l’Enfer.
De ces circonstances qu’il importait de rappeler était issue la situation la plus trouble qui se pût imaginer. Sur aucun terrain