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III

Le gouvernement fédéral, disais-je, prête aux fermiers un concours efficace : il fait à ses frais des expériences sur environ 200 terrains répartis en 44 États et distribués de manière à constituer une étude de toutes les divisions physiques de l’Union, de toutes les cultures et des moyens de les favoriser. Il publie des brochures qu’il répand à profusion, — au nombre de 12 millions d’exemplaires, l’an dernier, — sur toutes les questions qui peuvent intéresser le cultivateur. Le ministère est un vaste entrepôt de semences nouvelles de toutes sortes, expédiées aux écoles publiques ou distribuées par les mains des sénateurs et députés.

Cette action de l’Etat n’a rien de bureaucratique. L’État américain ne couronne pas, comme le nôtre, des veaux et des génisses. Il ne récompense pas, en des concours solennels, par l’octroi d’une prime en argent, des animaux dont la possession et la vente, puisqu’ils sont supposés les plus remarquables de leur espèce, doit suffire à rémunérer leurs propriétaires. Si le gouvernement fédéral intervient, c’est pour oser, au compte de la nation, ce qu’un particulier isolé ne pourrait entreprendre. Il ne donne pas d’argent, mais il fournit à tous le moyen d’en gagner : caractère distinctif de la seule agriculture « pratique. » C’est un courtier, ce n’est pas un bienfaiteur ; il avertit, il conseille, il ne distribue pas de prix. Il ne sanctionne pas le succès, il propose des « affaires. »

C’est ainsi que le ministre Wilson expédie, aux frais de la République, dans tous les pays et sous toutes les latitudes, des douzaines d’explorateurs dont la mission consiste à se procurer de nouvelles plantes, de nouvelles graines, qui puissent être introduites avec profit aux États-Unis. Toutes les contrées du globe sont visitées par ces commis voyageurs en agronomie. Leurs recherches ont embrassé les déserts de l’Afrique et de l’Asie ; les régions subarctiques de la Russie, de la Norvège et delà Suède ; les parties de la Chine et du Japon correspondant, comme climat, aux États du littoral Atlantique ; les Indes Hollandaises et l’Amérique Centrale, sous les tropiques, ainsi que l’hémisphère Sud de l’Ancien et du Nouveau Monde.

Ce système de travail, inauguré il y a quelques années, a