Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE MUSICALE


THEATRE DE L’OPERA : La Catalane, drame lyrique en quatre actes, dont un prologue, d’après Terra Baïxa, de A. Guimera ; paroles de MM. Paul Ferrier et Louis Tiercelin, musique de M. Fernand Le Borne. — Cinq concerts historiques de musique russe, donnés sous le patronage de la Société des grandes auditions musicales de France. — THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : Fortunio, comédie lyrique en cinq actes, d’après le Chandelier, d’Alfred de Musset ; paroles de MM. G.-A. de Caillavet et R. de Flers musique de M. André Messager.


Il ne nous était encore jamais arrivé d’ouïr un seul des ouvrages, déjà nombreux, de M. Le Borne. Mais Sophocle a dit qu’on ne doit appeler aucun mortel heureux avant sa mort. Nous avons fini par entendre la Catalane.

Nous l’avons entendue, ayons l’humilité de l’avouer, sans y rien ou presque rien comprendre : autrement dit sans y rencontrer, sans y distinguer, en aucun élément, en aucun ordre de la musique, rien qui frappe ou charme l’oreille, l’esprit ni le cœur.

Et cela peut déjà s’appeler un malheur sans doute. Mais du moins il n’est que nôtre. C’en est un second, et plus général, — nous y songions en écoutant, — que tant de forces employées, ou déployées, vainement ; de si multiples efforts accomplis, concertés et perdus. Il y a là-dessus une page célèbre de Tolstoï, et que l’Opéra nous donne trop souvent l’occasion de rappeler. C’est d’une répétition qu’il s’agit ; mais ce pourrait être aussi bien d’une représentation.

« J’eus à passer par derrière la scène. On m’introduisit d’abord dans un vaste local, où étaient disposées diverses machines servant aux changemens de décors et à l’éclairage. Je vis là, dans les ténèbres et la poussière, des ouvriers travaillant sans arrêt… On me fit ensuite