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une formation charitable. Comment l’accuser d’utopie, puisque sous ses yeux, à Elberfeld, en moins de deux ans, 251 compagnons s’étaient rassemblés, et puisque, à travers la bourrasque révolutionnaire, la nouvelle association s’était loyalement comportée ? Kolping conjurait donc l’Allemagne catholique d’imiter l’exemple d’Elberfeld ; il entrevoyait déjà de nombreux groupemens qui, ramifiés entre eux, formeraient une sorte d’ « école pour une littérature populaire, plus substantielle, plus instructive, pour une littérature manquant encore. » Il terminait par un appel « à l’active charité de l’Allemagne, pour qu’elle ménageât aux compagnons des asiles de paix. »

Tout le premier, dès 1849, Kolping fit essaimer l’œuvre ; comme, à la cathédrale de Cologne, un vicariat fort mal rémunéré se trouvait vacant, il sollicita de l’archevêque Geissel ce médiocre poste. Une fois exaucé, il gagna le prêtre Vosen, professeur de religion dans un gymnase, à l’idée de fonder, à Cologne, un Gesellenverein. « Le bonheur dont nous jouissons à Elberfeld, il faut le donner à d’autres. Nous devons avoir de nouveaux frères, des frères proches, des frères lointains, dont la volonté ne fera qu’un avec la nôtre, des frères que tu conduiras tous, avec nous, vers un même but. » Tel fut, à Elberfeld, un jour de 1849, l’adieu des compagnons au « Père » Kolping, qui s’en allait porter son cœur et sa parole à leurs nombreux camarades de la grande ville.

A Cologne, d’abord, ils ne furent que sept. Mais chaque jour amenait des recrues. Les jeunes gens, à l’origine, ne se réunissaient que le dimanche et le lundi ; la maison, bientôt, fut ouverte toute la semaine. Le premier local devint rapidement trop petit ; on prit un immeuble d’où la franc-maçonnerie déménageait. Pour cette installation il fallut mendier : Kolping promena partout son aumônière. Les compagnons affluaient ; parce que dédaigneux de l’alcool, on les appelait les frères de l’eau ; parce que dévots, les éplucheurs de rosaire ; Kolping les consolait en les nommant ses enfans. Il prêchait pour eux. « Personne ne s’inquiète, disait-il un jour du haut de la chaire, si un pauvre garçon étouffe, corps et âme, dans la fange de l’atelier. Et combien de ces malheureux sombrent sans laisser de traces ! et pourtant ce sont des hommes comme vous. Moi-même j’ai été compagnon, et je ne rougis pas du métier honnête, j’ai senti moi-même toute la misère qui pèse sur les compagnons,