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d’administration diocésaine, et les évêques à leur tour veillant sur l’action des laïques avec une sollicitude amie, plus prompte à se réjouir qu’à se défier. L’expérience de ces meetings fit sentir aux laïques, annuellement, à quelles fonctions agissantes ils étaient appelés dans la société religieuse, et quels devoirs et quels droits ces fonctions entraînaient pour eux.

Il advint, maintes fois, que les spectateurs hostiles cherchèrent à diminuer la portée des congrès en les représentant comme des chambres d’enregistrement des volontés du sacerdoce : mais les comptes rendus mêmes des discussions attestaient l’existence d’une force vraiment autonome, s’organisant pour l’initiative, s’équipant pour la lutte. Les aspirations de l’élément laïque à devenir une personnalité d’Eglise furent ainsi tout à la fois satisfaites et limitées ; et cette solution, tout en conjurant le péril dont l’année 1848 avait menacé la hiérarchie, permit au catholicisme de bénéficier de tout ce qu’il y avait de légitime et d’invincible dans les habitudes d’esprit que l’année 1848 avait implantées et dans les besoins d’action qu’elle avait éveillés.

Le prêtre Heinrich, de Mayence, dès 1849, assignait aux groupemens catholiques un triple but : la défense des droits de l’Église, la propagation des principes chrétiens dans le peuple, et le travail social. Dans ce programme, la lutte défensive figurait, si l’on peut ainsi dire, pour un tiers ; la besogne positive pour l’épanouissement religieux et social du christianisme figurait pour deux tiers. Ketteler insistait à son tour, à la même date, sur la nécessité d’introduire dans les jeunes organisations catholiques la préoccupation du relèvement populaire. Les congrès annuels qui groupaient l’élite des prêtres et des fidèles orientaient vers les trois buts définis par Heinrich leurs études et leurs conclusions ; à mesure qu’on descend la longue série de ces congrès, on voit les questions sociales y prendre, chaque année, une plus grande place.

A Cologne, en 1858, on parla des compagnons et des émigrans ; à Fribourg, en 1859, des compagnons encore ; à Aix-la-Chapelle, en 1862, des domestiques. A Francfort, en 1863, une séance tout entière fut consacrée à la question ouvrière. Le régime corporatif, la situation des travailleurs des fabriques, occupèrent en 1864 le congrès de Wurzbourg ; la question de l’émigration fut traitée à Trêves en 1865 ; Innspruck, en 1866,