Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conseils. La seule chose vraie est que la tranquillité relative acquise par nos récentes négociations en Asie orientale nous laisse libres d’étudier avec plus de soin, mais toutefois sans lenteur, un programme de défense militaire et naval de l’Indo-Chine, adéquat à nos moyens généraux et locaux et à nos besoins, en échelonnant sur un certain nombre d’exercices financiers les dépenses nécessaires à cet objet capital.


Je voudrais, en terminant, exprimer un vœu qui ne saurait trouver une meilleure place qu’ici, et qui doit être dans la pensée des hommes cultivés de tous les pays, en voyant le plus magnifique groupe des monumens de l’ancien Cambodge, Angkor la Grande et Angkor la Sainte, passer sous notre garde effective. Retrouvés, explorés et étudiés par les Français, ils font en quelque sorte partie du patrimoine de notre orientalisme, et ont encore bien des réponses à donner à qui saura interroger leurs restes imposans. Mais nous leur devons aujourd’hui quelque chose de plus que l’attention des artistes et les recherches des savans : nous sommes préposés à leur conservation, et nous en devenons responsables devant l’humanité intelligente. Nous ne devons pas manquer à ce devoir plus qu’aux autres. Nos corps savans, avec leur organe naturellement désigné, l’École Française d’Extrême-Orient, se préoccuperont des meilleurs moyens d’instituer la surveillance efficace et permanente de ces grandes archives de pierre, menacées par tant d’ennemis, et dont beaucoup ont déjà succombé sous les attaques du climat et de sa végétation dévorante, ou par suite de l’incurie et de la brutalité des hommes.


J. HARMAND.