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et de Saigon. Soumise à une administration meilleure, soustraite aux tiraillemens, aux intrigues, aux vols de bestiaux, aux actes de violence généralement impunis qu’entraînait sa situation frontière et indécise, sa prospérité s’accentuera rapidement surtout si notre administration comprend bien son rôle et réserve, pendant un temps plus ou moins prolongé, aux producteurs et aux commerçans de céréales, certains privilèges fiscaux, à octroyer comme don de joyeux avènement. L’extension de nos pêcheries n’est pas non plus matière à perdre de vue.

Tout avantage se paie. Est-il à croire que nous ayons payé trop cher celui que nous avons obtenu ? En examinant toutes les circonstances, en tenant compte des modifications qui se sont produites récemment dans les conditions politiques du monde et en particulier de l’Extrême-Orient, en tenant compte aussi du moment où nous avons traité, nous pouvons nous déclarer satisfaits.

L’enclave de Dan-Saï, dont le sort fut un élément important dans la négociation, ne représente pas pour nous la même valeur que pour les Siamois : tout le monde semble d’accord à ce sujet et il n’y a pas lieu d’exposer ici les réflexions que ce point peut suggérer.

La rétrocession de Krat et des îles avoisinantes, mêlée à celle de Chantaboun, pourrait donner lieu à des observations d’une assez sérieuse portée. Elle est de nature à soulever des objections de la part des marins et des militaires. Toutefois, la propriété de toute la côte orientale du golfe de Siam, avec les nombreuses îles qui s’y trouvent disséminées, étant donné d’ailleurs notre supériorité navale sur le Siam, assure de ce côté à nos forces une sécurité aussi complète qu’il est possible de l’obtenir dans l’état général du monde. Il ne dépend d’ailleurs que de nous de venir en aide à la nature au moyen de travaux de ports et de défense militaire appropriés à nos moyens et aux nécessités pratiques dûment étudiées et démontrées.

Reste la question, fort considérable, de la juridiction consulaire et de l’abandon que nous nous engageons à en faire, après la mise en vigueur des nouveaux codes siamois, et la création, cela va de soi, d’un personnel judiciaire instruit et consciencieux.

Il y aurait, à propos de cette détermination, bien des choses à dire. Cette clause est pour le gouvernement siamois la plus