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La noblesse ne s’était-elle pas tellement corrompue au siècle précédent, parce que ses membres avaient été condamnés à rester oisifs, à l’âge où les énergies du corps et de l’âme sont gaspillées dans le vice et la débauche, si elles n’ont pas de grandes œuvres à accomplir ? D’autre part, l’aristocratie avait été décimée par les guerres civiles, au point que si l’on voulait lui confier toutes les charges les plus importantes, on ne pourrait plus en écarter les jeunes gens, car les hommes âgés n’auraient pas suffi. Prudent dans tout ce qu’il faisait, Auguste, semble-t-il, avait déjà fait approuver une modification générale aux lois qui étaient alors en vigueur, pour préparer graduellement le rajeunissement de l’Etat[1] ; et il songeait à proposer au Sénat des dispenses spéciales pour les jeunes gens qui en seraient digues. Il engageait du même coup, par l’exemple, toute la jeune aristocratie à ne pas perdre de temps, en faisant commencer aussitôt le noviciat militaire et politique des membres de sa famille. Il avait recueilli sous son autorité ou confié à Octavie et à Livie, outre son unique fille Julie, qu’il avait eue de Scribonia en

  1. Voyez Ferrero, Grandeur et décadence de Rome tome IV 282.