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l’allocation de subventions prévues aussi largement que possible, puisqu’elles pouvaient être allouées en plants, en travaux ou en argent, devait venir en aide pour les travaux facultatifs aux communes, aux associations pastorales, aux fruitières, aux établissemens publics et aux particuliers. Les initiatives collectives semblaient alors pouvoir aboutir à de sérieux résultats, car, en 1876, après les cent millions de francs et les six cents vies humaines engloutis par les désastreuses inondations de 1875, la formation de compagnies était projetée pour amener les capitaux particuliers à la défense des montagnes.

Tout ce que nous savons de ces compagnies[1], nous le devons au premier rapport parlementaire de M. Armand Fallières, qui relate « la publication récente par la voie de la presse d’une étude approfondie proposant un ensemble de travaux de défense dont l’exécution devait être confiée à quatre grandes compagnies qui se partageraient l’aménagement hydrographique du pays. » Mais ces compagnies, dont la création eût évité bien des mécomptes, n’ont jamais vu le jour, et les capitaux firent encore défaut.

La loi de 1882 a permis à l’Etat d’imprimer un sérieux essor aux mesures de restauration ; les agens du service forestier devinrent ingénieurs et ils exécutèrent des travaux remarquables, auxquels nous sommes redevables de la disparition d’un grand nombre de torrens dans les Alpes, les Cévennes et les Pyrénées. Dans une entreprise aussi nouvelle, sans précédent chez aucune nation, le service forestier poursuivit une tâche hérissée de difficultés de toutes sortes : ses agens imaginèrent des solutions élégantes pour la fixation des terrains instables et, par un raffinement d’artistes, plus soucieux de conserver les beautés de la nature que de laisser aux générations futures le témoignage de leurs efforts, ils se sont attachés à réaliser des travaux rustiques, facilement noyés dans la verdure, qui ne laissent pas imprimée sur le paysage l’empreinte de la main de l’homme. Les périmètres de restauration comprenaient, en 1904[2], 345 140 hectares dont 186 854 n’étaient pas encore acquis par l’Etat ; il avait été dépensé 87 millions et il restait à dépenser 97 millions. L’Etat a donc accompli maintenant près de la moitié de la tâche que lui attribuait la loi de 1882, mais

  1. Journal officiel du 21 juin 1876, p. 4369.
  2. Journal officiel de 1904. Documens parlementaires (Chambre), p. 1556.