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pour s’adapter aux goûts et aux habitudes des acheteurs étrangers. Les attachés commerciaux devront faire tout cela et ils le feront si vous le leur dites, si vous dites au ministre du Commerce : Voilà ce que nous désirons savoir. »

M. Doumergue ayant annoncé que le Parlement serait saisi prochainement d’un projet de loi tendant à la création de six nouveaux postes d’attachés commerciaux (il en existe déjà deux : l’un plus ancien, à Londres, rempli d’une façon tout à fait remarquable par M. Jean Périer, l’autre tout récent aux Etats-Unis), demandait au Comité des conseillers du Commerce extérieur de lui indiquer par ordre d’importance les pays qu’il serait désirable de choisir pour leur résidence. À cette question, M. Jules Delagrange répondit, dans un rapport longuement motivé, présenté au nom des conseillers du Commerce extérieur, qu’après les créations déjà faites à Londres et à New-York, c’était d’abord en Allemagne qu’il fallait envoyer un attaché commercial. Puis devaient venir les pays d’Orient (Turquie d’Europe et d’Asie, Égypte), ensuite les pays latins de l’Amérique du Sud (République Argentine, Brésil), puis la Russie. Un seul attaché s’occuperait des Pays-Bas, du Danemark et des pays Scandinaves. Enfin nos intérêts dans l’Amérique Centrale seraient efficacement secondés par un même attaché qui étendrait son activité sur toute la côte du Pacifique (Mexique, Guatemala, Colombie, Venezuela, Equateur, Pérou). Il nous reste maintenant à attendre le vote du projet de loi présenté à la Chambre des députés. Nous ne quitterons toutefois pas ce sujet sans nous féliciter de la mission qui vient d’être confiée à notre distingué et dévoué ministre plénipotentiaire, M. Charles Wiener, qui part pour étudier dans toute l’Amérique du Sud les meilleurs moyens d’y développer nos affaires commerciales.

L’économie politique nous enseigne avec justesse que chaque pays devrait produire uniquement les marchandises pour lesquelles il est le mieux partagé par la Providence, et que, par le libre-échange universel, l’humanité tirerait grand avantage de ce système de répartition du travail. Nous sommes loin de cet idéal, et alors que les progrès de la civilisation tendent à rapprocher les peuples et à supprimer les distances, toutes les nations se barricadent à l’envi derrière des droits de douane de plus en plus élevés. Pour compenser dans la mesure du possible les inconvéniens qui en résultent, et cela, bien entendu, d’une façon fort insuffisante,