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Nos autres possessions, presque toutes assez récentes et moins favorisées sous le rapport du climat, sont néanmoins en progrès et promettent à la fois d’offrir à nos industries un débouché croissant et de nous fournir, en partie, les produits exotiques que nous sommes obligés d’acheter à l’étranger. Tout compte fait, nous n’avons pas à nous plaindre de cette branche d’expansion mondiale ; nous avons de bons élémens : à nous d’en tirer le meilleur parti !

C’est du côté de la marine marchande que nous éprouvons le plus de déceptions ; nos hommes d’Etat qui comprennent toute l’importance de cette question ne reculent devant aucun sacrifice pécuniaire, mais jusqu’ici les « primes » demeurent impuissantes. L’étude des efforts à faire pour relever notre pavillon exigerait, à elle seule, de grands développemens. Les lecteurs de la Revue se souviennent, du reste, de l’article de M. Charles-Roux paru récemment. Nous plaçons notre espoir dans les hommes éminens qui n’ont pas craint d’accepter récemment la direction de nos plus grandes sociétés maritimes et, pour joindre nos efforts aux leurs, nous allons maintenant exposer quelles seraient, selon nous, les meilleures mesures à prendre en faveur de notre expansion mondiale.


II

Le plus grand obstacle au développement de nos affaires extérieures est que nous ne formons pas assez d’hommes bien préparés à cette œuvre. Dans l’intérêt de l’avenir de ma patrie, je prends donc le taureau par les cornes et ne crains point de déclarer la guerre à notre Université, à cette Alma mater que tous les peuples nous envient, disent quelques-uns, mais qu’ils prennent de moins en moins pour modèle.

Lorsque l’humanité jouira de la paix universelle assurée pour toujours, si jamais elle y arrive ; lorsque les frontières de chaque nation seront délimitées d’une façon irrévocable, si même il subsiste encore des frontières ; lorsque la lutte pour l’existence ne sera plus qu’un souvenir et que chacun vivra de ses rentes ; alors il faudra vanter l’instruction que la France offre à ses enfans, car elle est de nature à procurer à l’homme, pour sa vie entière, les jouissances intellectuelles les plus vives et les plus pures. Mais pour le moment, elle n’a pas pour effet de lui assurer