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ne l’a cru au fond de la race, qui est extrêmement mêlée et chez laquelle nous avons observé constamment que ce sont les métis qui avaient le plus de tendances à évoluer, — le fameux Rainilaiarivony n’était pas un andriane mais un tsimafotsy (esclave privilégié) ; — elle tient bien plutôt à des conditions matérielles ou historiques : le climat et la monarchie, régime qu’ils ont toujours subi, non point par intelligence politique mais de la façon la plus routinière et superstitieuse, qui a fait leur fortune lorsqu’ils venaient d’arriver, les derniers, pauvres et affamés par la nécessité, au milieu de races aisées et patriarcales, mais qui a précipité leur déchéance au bout d’un siècle de pouvoir. La puissance d’évolution est souvent au contraire un indice de dégénérescence et une cause de décadence rapide pour les races dont le cerveau est trop mobile, instable, et qui portent en elles plus de germes de défauts que de qualités. Le Père Piolet, qui a longuement vécu parmi eux, avec bonhomie, charité et studieuse bienveillance, a caractérisé l’essentiel lorsqu’il dit d’eux qu’ils ont beaucoup d’aptitudes physiques et fort peu de qualités morales. « Ni probité, ni moralité, ni seulement de dignité personnelle, » a dû reconnaître M. Grandidier. Lorsque vous séjournez en Emyrne, vous n’êtes point seulement frappés par l’état général de corruption, excessive à vous ôter toute confiance en l’avenir des Hovas ; mais, quand vous les pratiquez individuellement, vous constatez qu’ils n’ont aucun principe, même élémentaire, de moralité, contrairement à ce que l’on observe chez les Africains les plus bornés ; cela indique non point une mentalité primitive, mais une mentalité de civilisés en dégénérescence. Ce qui vous louche le plus agréablement, leur tendresse pour les enfans, vraiment charmante et musicale, se dénonce à l’analyse fort éloignée de l’amour sauvage de la mère, forme puissante de l’instinct de conservation de la race ; elle n’est point une qualité naturelle, mais bien plutôt sociale, faite d’enjouement nonchalant, de baguenaudages et presque de marivaudage, du besoin nerveux de bercer et de caresser, un plaisir artiste : on peut dire que ce n’est point avec son cœur de bête que le Hova aime son petit, mais qu’avec son cerveau à la fois raffiné et puéril il chérit indistinctement tous les enfans, qu’ils soient à lui ou à l’un des amans de sa femme.

En effet ce sont les qualités sociales qui dominent chez lui, presque exclusives : il aime à causer et à rire, à recevoir et à rendre des visites, à donner et accepter des cadeaux ; on a pu